For the Crazy : les îlots sacrés de la techno

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La dance music est un monde sonore dont la population n’est jamais recensée et encore moins interrogée. On raconte qu’il existe un certain nombre de tubes – ou de bangers, ou d’ anthems – qui seraient eux-mêmes servis par une armée de tools. On estime souvent que les tools n’ont aucune existence hors du mix et que celui-ci respecte une logique « interconnective ». On dit que certains morceaux sont injouables, quand d’autres sont si indispensables qu’ils « ne quittent jamais les DJ bags ». On finit par vaguement penser pas mal de choses sur la dance et par en ignorer certaines. Étienne Menu, co-rédacteur en chef d’ Audimat, va donc ici s’intéresser à une sorte d’archipel fantôme, qu’il appelle « techno autarcique » et qui remonte aux premières années de l’histoire du genre. De Gherkin Jerks à Cristian Vogel en passant par Gemini, il explore une zone grise faite de boucles irrésolues, de machines libres et de fétiches synthétiques.Parler de l’existence d’une catégorie esthétique jusqu’ici non identifiée, propre à un genre musical produit de façon industrielle et rarement alimenté par un discours très étayé, revient finalement à parler d’une existence fictive ou science-fictive, à enregistrer la teneur de quelques fantasmes. On comprendra donc les propos qui suivent non comme une théorie rigoureuse mais comme une collection de sensations, de souvenirs et d’images, et peut-être aussi comme une redéfinition contre-utopique de la dance music.