The moral sense of the working relation between men and animals of breeding : killings of animals and subjective moral experiences of breeders and employees Le sens moral de la relation de travail entre hommes et animaux d'élevage : mises à mort des animaux et expériences morales subjectives d'éleveurs et de salariés En Fr

Résumé En Fr

The moral sense of the working relation between men and animals is an essential stake in the contemporary redefinition of the activities of breeding, more particularly industrial systems of animal production. Breeders and workers are facing new social expectations, such as sparing animals sufferings, and moral interrogations on the legitimacy of the humans to kill animals in order to feed themselves. In industrial systems, the destruction of economically unprofitable animals (referred to as "euthanasia") represents a large part of the workers’ activity, and raise the question of their autonomous moral judgment. But the ethical theories of animal protection that became highly influential do not take a look at the subjective moral experience of men and women facing the killing of their animals, whether for euthanasia or food production. This dissertation leans on the theoretical frames of moral sociology and the French psychodynamics of work, as well as on empirical studies on French breeders and Quebec workers in pig production. It demonstrates that the sense given by these actors to their working relation with animals has a moral dimension, which is precisely deteriorated under the influence of industrial forms of work organization. The practice of the euthanasia requires a virtuous moral disposition: courage. In industrial systems this virtue degrades in the adoption of virile behaviours. Raising animals is showing them gratitude, by giving them “the good life” which recognizes them as beings who give life to human people. In industrial systems this particular exchange of gifts is corrupted.

Le sens moral de la relation de travail entre hommes et animaux est un enjeu essentiel de la redéfinition des activités d'élevage, plus particulièrement des systèmes industriels de productions animales. Eleveurs et salariés sont confrontés à des attentes sociales en termes d'évitement des souffrances aux animaux et à des interrogations relatives à la légitimité morale des hommes à les tuer pour se nourrir. En systèmes industriels, la destruction d'animaux non rentables économiquement, nommée « euthanasie », fait partie du travail, ce qui pose la question du jugement moral autonome des travailleurs. Contrairement aux théories éthiques très influentes dans le milieu de la protection animale, l'approche scientifique que j'ai retenue donne toute son importance à l'expérience morale subjective d'hommes et de femmes confrontés à l'euthanasie et à la mise à mort alimentaire de leurs animaux. S'appuyant sur les cadres théoriques de la sociologie morale et de la psychodynamique du travail, et à l'appui d'enquêtes réalisées auprès d'éleveurs en France et de salariés au Québec en production porcine, cette thèse démontre que le sens donné à leur relation de travail aux animaux possède une dimension morale, dimension qui s'altère sous l'effet de formes industrielles d'organisation du travail. Pratiquer l'euthanasie exige une disposition morale vertueuse : le courage. Elever des animaux, c'est faire preuve de gratitude par un don de la vie bonne qui est un geste de reconnaissance de la vie qu'ils donnent aux hommes. En systèmes industriels, le courage se dégrade en l'adoption de conduites viriles. L'échange particulier de dons de vie entre hommes et animaux est lui aussi perverti.