2003
Cairn
Susanne Nies, « Quelle sécurité pour la région baltique ? », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.bi612r
Une décennie après l’éclatement de l’URSS, l’instauration d’un nouveau type de sécurité dans la région baltique, qui constitue un carrefour stratégique entre plusieurs mondes, semble toucher à sa fin. Dans un premier temps, de 1991 à 1994, le divorce entre les Etats ex-soviétiques s’est fait dans un climat de tensions, Moscou et les pays baltes nourrissant mutuellement nombre de suspicions. Et c’est finalement grâce à la médiation occidentale qu’a été effectué le retrait de la région des effectifs militaires russes et qu’a pu être trouvé un compromis sur l’épineux dossier de la citoyenneté en Estonie et en Lettonie, qui pose le problème du statut des populations russophones dans ces pays. Ensuite, de 1994 à 2001, les Baltes se sont trouvés face à ce qu’ils ont considéré comme un vide sécuritaire, leur candidature à l’Otan bénéficiant du seul soutien du Danemark et de l’Islande. Enfin, en 2001, c’est une toute nouvelle donne qui se fait jour pour la sécurité dans la région avec le rapprochement russo-occidental et la disparition, chez les Baltes, de l’identification de la Russie à une menace majeure pour eux, période qui se conclura par l’adhésion, en mai 2004, de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie à l’Otan et à l’UE. Par ailleurs, la question délicate de Kaliningrad, enclave russe dans la région baltique, a trouvé un début de règlement avec le renoncement par Moscou à son statut militaire et la mise en place de certaines facilités pour le passage vers la Russie via la Lituanie ou la Pologne. Toutefois, les Etats baltes, même s’ils ont opté sans ambiguïtés pour un alignement sur les positions américaines, se trouvent confrontés à de nouveaux risques en matière de sécurité : l’évolution des secteurs militaire et nucléaire dans l’espace post-soviétique, l’hétérogénéité politique, économique et culturelle de la zone de «fracture» que représente la région baltique et, surtout, le rôle joué par les «nouveaux voisins».