2016
Cairn
Jean Lorcin, « Peurs millénaristes et visions futuristes face au déclin d’un bassin industriel : Saint-Étienne à la fin du XIXe siècle », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.birxf4
Le déclin du vieux bassin houiller de Saint-Étienne, au terme d’une prodigieuse croissance, a alimenté, à la fin du XIXe siècle, un pessimisme que traduisent, sous la plume d’un poète ouvrier, Jacques Vacher, d’un journaliste, Claude Le Marguet, et d’un écrivain, Émile Zola, de sombres visions. L’effondrement de la ville, rongée par le travail souterrain de la mine, illustre l’entropie qui, pour Michelet, était le terme inéluctable du siècle de la machine. L’abîme où s’engloutit la ville minière, devenue une ville fantôme, est la traduction imagée d’une crise sociale, politique et intellectuelle qui alimente chez les trois auteurs un sentiment de déréliction très « fin de siècle ». Seule vision d’avenir à l’aube du XXe siècle, l’utopie de la ville électrique que décrit Zola, hôte de pionniers de l’électrométallurgie, reflète un certain optimisme.