28 mai 2020
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Patrick Moran, « Les vertus de l’oubli : ambivalences du passé arthurien chez Kazuo Ishiguro », Tangence, ID : 10670/1.bup6fh
The Buried Giant (2014) de Kazuo Ishiguro est un roman à la frontière des genres : l’auteur puise dans la matière arthurienne, notamment dans Gauvain et le chevalier vert, pour élaborer un texte à mi-chemin entre la fantasy, le conte de fées et le roman intime. Située peu après la mort du roi Arthur, l’action se concentre sur un couple vieillissant et présente une Bretagne crépusculaire, où la coexistence des Bretons et des Saxons se fait de plus en plus inconfortable. Une étrange amnésie frappe l’île, et le souvenir d’événements récents risque sans cesse de resurgir et de briser l’équilibre des forces, en même temps qu’il menace de ruiner l’harmonie fragile qui unit les deux protagonistes. Un tel travail sur la mémoire et ses ambivalences est typique de l’œuvre d’un auteur qui privilégie les zones de non-dit et d’incertitude. En se concentrant sur le rapport ambivalent que The Buried Giant entretient avec ses sources médiévales, cet article cherche à montrer comment Kazuo Ishiguro, tout en se tenant à distance de l’imaginaire médiéval et breton, réactive en fait la réflexion arthurienne sur l’impermanence, et construit un récit qui assume pleinement ses penchants allégoriques.