2009
Cairn
Laurence Mundschau, « Argumentation et récit médiatique : La mort, assumée ou non ? », A contrario, ID : 10670/1.c3ge8l
Depuis l’après Seconde Guerre mondiale, chaque décennie, en Belgique francophone, mais pas seulement, connaît son lot de concentrations et de fermetures de titres, quels que soient leur périodicité, leur contenu, leur genre ou leur tendance politique. Au sein de ce corpus foisonnant, nous analysons plus particulièrement le dernier numéro d’une cinquantaine d’hebdomadaires d’information générale belges francophones à plus ou moins grand tirage, disparus entre 1950 et 2000. La grosse majorité de ces titres consacrent au moins quelques lignes, souvent l’une ou l’autre page, parfois aussi le numéro complet, à évoquer leur fermeture imminente. Ce discours autoréférentiel n’est pas seulement narratif – autobiographier l’histoire du média – ou publicitaire – aiguiller le lecteur vers une nouvelle formule éditoriale. Il s’engage parfois également dans une procédure argumentative destinée à éclairer les lecteurs (souvent mis en scène) sur les raisons d’une « mort annoncée ». C’est là l’occasion, sur cinquante ans, de voir quelles valeurs sont tour à tour convoquées pour asseoir cet argumentaire. Atteinte à la liberté de la presse ? Montée de l’industrialisation des entreprises éditrices ? Recherche du profit publicitaire au détriment de l’opinion et de l’information ? Évolutions inexorables des techniques ? Concurrence exacerbée des médias ? Ou simplement, recherche d’une formule éditoriale plus rentable ? Plus qu’une énumération, l’étude entend classer les raisons invoquées selon que les titres étudiés assument – ou pas – leur décès. En effet, là où pour certains il ne s’agit que d’une « interruption » (de vacances, avant reparution, avant nouvelle formule…), pour d’autres, le dernier numéro se présente véri ta blement comme un testament. L’intérêt de l’analyse consistera notamment à voir si les mêmes arguments peuvent servir tour à tour des conclusions différentes, et comment. Le tout éclairera sans nul doute sur la (ou les) vision·s du monde en général et du monde de la presse en particulier, au long d’un demi-siècle.