2022
Groupe Dulac et al., « Pour une science du social », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.c4e08a
Et si la connaissance était une et indivisible ? Et si l’opposition entre sciences exactes et sciences sociales était une dangereuse absurdité ? L’objectif de ce livre, Pour une science du social, est de le démontrer. La science est une manière de produire des énoncés vrais, et le social est un de ses objets, parmi d’autres, d’une dignité égale, mais que l’atomisation disciplinaire rend difficile à percevoir et à concevoir comme un tout. Pour que cette science du social soit prise au sérieux, elle doit commencer par affirmer la nécessité de son objet, le social (et pas seulement les sociétés), particulièrement pertinent pour décrire les mondes humains ; elle doit afficher la même ambition épistémologique que toutes les autres sciences, sur le plan théorique comme sur celui de l’observation et de la collecte des données ; elle ne doit pas céder à la tentation de la fragmentation par spécialisation (économique, religieux, politique), sur laquelle prospèrent les disciplines (économie, sociologie, géographie, histoire, etc.) ; elle doit montrer son efficacité à la fois explicative et prospective, notamment concernant le sens des métiers du social.Pourquoi n’avons-nous pas laissé Notre-Dame en ruines après l’incendie de 2019 ? Comment fixe-t-on le prix du sol ? En quoi les enfants ne sont-ils pas des adultes ? Les réponses à toutes ces questions sont toujours le résultat de processus et de changements sociaux que l’on peut décrire et expliciter. Mais cela ne peut se faire qu’au prix de l’émergence d’une science du social unifiée, y compris face au pouvoir politique. Une science du social autonome, non fragmentée en « sciences humaines et sociales » mais sans pour autant prendre la forme d’une nouvelle discipline qui reviendrait à renoncer à changer les modes de parcellisation du savoir, mais en favorisant les transgressions disciplinaires. Donc une science du social qui pense ensemble divers angles d’approche au lieu de les empiler. Car ces deux écueils de l’hétéronomie et de la disciplinarisation sont non seulement ce qui entrave la science du social (démembrée en « sciences humaines et sociales » soumises à des agendas extérieurs) mais aussi la science dans son ensemble, fragmentée, spécialisée, programmée, rentabilisée, et dont la capacité de découverte est donc mutilée. Ce livre est la preuve que c’est possible.Dulac est un collectif de chercheurs qui s’est donné pour objectif de contribuer à l’unification post-disciplinaire de la science du social.