La réalité de l'autre : rêver de l'analyste

Résumé 0

Cet article aborde la question des obstacles à la symbolisation rencontrés lorsque l’analyste apparaît dans le premier rêve de l’analyse : la réalité de l’autre est représentée par l’apparente « reconnaissance » de la personne de l’analyste, qui apparaît sous son aspect réel. L’interprétation de ce premier rêve permet ainsi une réflexion sur le sens de la réalité de l’autre en analyse : c’est précisément cette représentation réaliste qui indique que la fonction de l’autre a été abolie dans la construction du monde psychique. Un phénomène analogue prend forme dans le contretransfert de l’analyste, qui est psychiquement encombrée par une interprétation du monde psychique du patient qu’elle a forgée toute seule. Pour l’analyste aussi, la réalité de l’autre s’avère non significative dans la construction de son interprétation. Un rêve qui représente un tournant, cinq ans plus tard, atteste la puissance de la fonction transformatrice de l’autre durant l’analyse, et ce à travers la représentation de différents personnages qui renvoient à la nécessité du tiers dans la construction de la réalité psychique personnelle. L’auteur discute les dénis réciproques de l’altérité de l’autre qui se manifestent dans les vicissitudes transférentielles et contretransférentielles entre analyste et patient, cette altérité étant vécue comme une source de perturbation pour un fonctionnement narcissique autosuffisant. L’article illustre enfin quelles transformations survenues dans la relation analytique ont permis le changement.C’est à partir d’un rêve fait en début d’analyse que naissent ces réflexions, rêve où la personne de l’analyste apparaît en tant que telle, sans déplacement. Après cinq ans marqués par la répétition des mécanismes de clivage et de déni, apparaît un rêve qui représente un tournant, comme « les rêves qui tournent une page » (Quinodoz, 2001) dont l’interprétation révèle la représentation de l’analyste, cette fois-ci représentée et figurée par différents personnages. Cette histoire analytique m’a donné l’occasion de m’interroger sur la question de la réalité de l’autre dans le travail analytique, d’examiner la mise en forme de cette expérience, son élaboration et sa perlaboration, après une longue période durant laquelle elle n’a pu être utilisée pour la construction du monde interne du patient.