2020
Cairn
Frédéric Rambeau, « Pervers et père-sévère. Deleuze, Lacan, la perversion », Essaim, ID : 10670/1.c5z2is
La perversion a été pour Deleuze une question essentielle, et même un nom de la critique. Son éloge de la perversion dépend des déplacements qu’il imprime à l’inconscient freudien, et qui s’inscrivent dans deux grandes ambitions de sa philosophie : supprimer le manque et désamorcer l’opposition. Il reconnaît dans l’individuation perverse un potentiel plus subversif que le modèle hystérique de l’inconscient. Manifestant des choix ontologiques concurrents (univocité ou subjectivité, monisme ou dualisme), la confrontation de Deleuze et de Lacan à propos de la perversion éclaire leurs conceptions différentes du nouage entre subjectivation et institution. Elle permet ainsi d’interroger les prolongements politiques de leurs pensées divergentes de l’inconscient : leurs conséquences en termes de critique et de division politique quand elles pénètrent le champ social et posent, à leurs manières, la question du collectif ou du « groupe ».