2021
Cairn
Ryohei Kageura et al., « Chapitre 9. Legal and philosophical reflection on traditional medicine and patient’s right to personal liberty », Journal international de bioéthique et d'éthique des sciences, ID : 10670/1.caj57e
Cet article vise à clarifier les rapports entre la promotion des médecines traditionnelles et la promotion de l’autonomie personnelle des patients. Dans sa Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023, l’Organisation mondiale de la Santé tente d’inscrire la médecine traditionnelle dans le droit à l’autonomie personnelle des patients. Le consentement clair et éclairé (informed consent) est compris comme une expression de la tradition libérale de la liberté personelle ou des droits de l’homme. Par conséquent, le droit de consentement clair et éclairé sur le traitement médical se veut universel et cosmopolite à l’instar des autres principes fondés sur les droits de l’homme, qui se concentrent sur l’individu, et non sur la communauté ou le pays auquel l’individu appartient.Concernant la médecine traditionnelle, l’OMS demande à ses États membres de mettre en œuvre leurs propres politiques nationales pour réglementer leurs médecines traditionnelles et n’impose alors pas une standard internationale à laquelle ils adapteraient leurs politiques nationales. C’est parce que l’OMS considère que la médecine traditionnelle est une culture. La médecine traditionnelle est fermement ancrée dans la culture d’un pays ou d’une communauté. Elle ne doit pas être exclue par la médecine existante, issue de la culture européenne. Contrairement au consentement clair et éclairé, la promotion de la médecine traditionnelle est laissée à l’autodétermination du pays ou de la communauté.Selon l’OMS, la reconnaissance des médecines traditionnelles élargie, pour le compte de patients, les options médicales disponibles et sert alors à mieux promouvoir leur autonomie personnelle : la médecine traditionnelle présente un intérêt différent de celui des services de la santé existants. Mais la qualité d’informations assurées par les praticiens de la médecine traditionnelle peut-elle être comparable avec celle de la médecine existante ? Ces informations permettent-elles aux patients de faire librement leurs propres choix ? Sans doute, la promotion des médecines traditionnelles s’oppose idéologiquement à celle du consentement clair et éclairé car la philosophie de celui-ci exige son universalité. On peut signaler la tension entre le droit à l’autonomie personnelle des patients, qui se fonde sur le libéralisme, et l’autodétermination de la communauté, qui se fonde sur le pluralisme culturel.