Le paysage comme objet-frontière cognitif et collaboratif.

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25 avril 2012

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Mots-clés

représentation spatiale consensus différencié apprentissage paysage


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Matthieu Noucher et al., « Le paysage comme objet-frontière cognitif et collaboratif. », Aménagement, Développement, Environnement, Santé et Sociétés, ID : 10670/1.chf6bn


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Résumé Fr

L'essor des démarches participatives dans le cadre de projets de développement territoriaux conduit progressivement à une revalorisation des représentations spatiales des territoires en jeu. Ces dernières apparaissent comme un support privilégié pour " faire parler " l'espace et externaliser les différentes approches du paysage. En cela, elles facilitent le dialogue entre savoirs experts (produits par les techniciens), savoirs savants (produits à partir des modélisations scientifiques) et savoirs ordinaires (issus des expertises " habitantes "). Si les représentations spatiales, comme objets frontières (Star et Griesemer, 1989 - Carlile, 2002), constituent des supports privilégiés des interactions entre acteurs du territoire, leurs productions et usages dans un contexte de réflexion collective participent surtout d'une réduction de la complexité des processus territoriaux à l'étude. Les travaux présentés ici, visent à mettre en évidence que les représentations du paysage sont utiles et pertinentes à analyser, davantage sous l'angle de leur processus de production collectif, que comme les résultats finis de ces processus. Ainsi, nos observations mettent en évidence que le paysage tend à devenir un " objet-valise " (Flichy, 1995). Nos analyses rejoignent alors les travaux que Michel de Certeau (1980) proposait, il y a trente ans sur les " arts de faire ", cette " invention du quotidien " accomplie par l'individu ordinaire qui " braconne " dans les savoirs et développe des pratiques réfractaires et originales, des bricolages individuels. Les représentations spatiales ne deviennent alors, qu'en de rares occasions des objets frontières cognitifs et collaboratifs. Un objet frontière est un artefact de connaissance qui permet le dialogue entre cultures métier différentes. Il est dit cognitif et collaboratif lorsqu'il permet de partager et de faire évoluer collectivement les savoirs et les savoir-faire. Notre exposé visera, à partir de deux projets de recherche achevés (co-production d'une nomenclature urbaine en région PACA et mobilisation du paysage pour traduire les contenus très abstraits de bases de données spatialisées dans la communauté d'agglomération de Montbéliard) à illustrer ces notions et à expliciter les leviers d'action identifiés. Il s'agit en particulier d'envisager des dynamiques participatives fondées sur des analyses du paysage qui tiennent compte des contradictions entre les démarches descendantes des zonages régionaux et les approches ascendantes au niveau local ; de proposer un système de représentation médian qui permettrait l'articulation entre topologie tangentielles du vécu et topologie projectionnelle des bases de données spatialisées (Nageleisen 2007, Ormaux et Couderchet 2010). D'une part, face au hiatus entre la production de zonages discontinus à une échelle régionale et la continuité des phénomènes écologiques lorsqu'ils sont étudiés à une échelle locale, il est proposé une déconstruction / reconstruction du paysage qui autorise par assemblage variés des recompositions thématiques et spatiales multiples (Couderchet, 2008). D'autre part, face aux risques d'homogénéisation (logique de compromis basé sur les plus petits communs dénominateurs), il est proposé de mettre en place une médiation fondée sur un processus d'apprentissage et de créativité qui ne nie pas la variété des points de vue mais, au contraire, les mobilisent pour en faire émerger des solutions alternatives dans une logique du consensus différencié (Noucher, 2009). Finalement, en mobilisant les sciences de la nature (écologie du paysage), les sciences sociales (théorie de l'acteur réseau et sociologie de la traduction) et les sciences spatiales (SIG et télédétection) notre ambition est de bâtir un processus de médiation visant à la co-construction des représentations spatiales du paysage. Ces dernières peuvent alors permettre au paysage de fonctionner comme un élément rassembleur dans la conduite de projets territoriaux.

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