« Un mauvais commerce » : réguler les pratiques homosexuelles à Paris et en province au XVIIIe siècle

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6 juillet 2021

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Chloé Blanchard, « « Un mauvais commerce » : réguler les pratiques homosexuelles à Paris et en province au XVIIIe siècle », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.cqao0y


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En 1791, le crime de sodomie est aboli. Cette décriminalisation reflète l’aboutissement d’un long processus pénal et judiciaire durant le siècle des Lumières. La décriminalisation du « crime infâme » est également à percevoir au regard de l’encadrement policier des pratiques homosexuelles durant le XVIIIe siècle. Loin de constituer une prérogative policière majeure, la régulation de la « sodomie », plus tard nommée « pédérastie » est une thématique mineure dont seule la police du Châtelet, chaperonnée par la lieutenance générale de police parisienne, s’empare. En province, le phénomène reste largement ignoré par les institutions policières dont la gestion des mœurs constitue pourtant une partie des attributions. L’absence d’encadrement des pratiques sodomites et pédérastes en province, ajoutée au très faible nombre de procès pour crime de sodomie sur l’ensemble du siècle donne ainsi matière à réflexion. La répression institutionnelle initialement perçue n’est plus. Face à ce constat général, l’activité de la police à Paris se distingue par sa gestion singulière des pratiques homosexuelles. Cette régulation ne dépasse néanmoins jamais le stade de la surveillance et de la privation de liberté, nuançant une fois de plus l’hypothèse répressive d’un encadrement des homosexualités. Ce travail reprend premièrement les perspectives propres aux études micro-historiques sur le genre et la sexualité. Elles doivent être croisées avec les nombreuses études menées sur l’institution policière à Paris, plus particulièrement sur la lieutenance générale de police et sur la juridiction du Châtelet. Ce mémoire emprunte également à la perspective migratoire afin de restituer, à partir des sources parisiennes, les pratiques « homosexuelles » en dehors de Paris. Parallèlement, ce travail s’appuie, plus minoritairement, sur l’histoire des représentations concernant les schémas culturels et mentaux des Français sur les pratiques homosexuelles au siècle des Lumières. L’interpénétration de ces perspectives permet ainsi d’éclairer l’objet « homosexualité » au XVIIIe siècle. L’ objectif tout au long de ce travail est de déconstruire les conceptions contemporaines d’« homosexualité » afin de ne pas réitérer les identités des hommes du XVIIIe siècle, et d’explorer la variété des pratiques sous-tendues par la sodomie et la pédérastie. Ce travail se veut novateur sur plusieurs points. L’analyse géographique transversale par le biais des migrations renouvelle le travail effectué à Paris en impliquant le réemploi des procès-verbaux de pédérastie pour y lire le rapport entre individus, provinces et « homosexualité ». En outre, rendre compte d’un contexte juridico-policier émancipé de toute considération répressive, dont émanent les sources, explique la régulation unique et exclusive des pratiques homosexuelles à Paris. Notre positionnement historiographique se démarque aussi en supplantant à l’idée de subculture, qui tend à apparaître comme précoce au XVIIIe siècle, l’idée d’une multiplicité de schémas se recoupant au travers de « pratiques homosexuelles ».

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