2014
Cairn
Marc Kober, « Pourquoi l'orientalisme d'Edward W. Said n'est-il pas un japonisme ? », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.cxwxk4
L’Orient créé par l’Occident ne se limite pas à l’environnement immédiat de l’Europe. Que faire du savoir européen sur le Japon ? S’interroger sur cette quasi-absence de l’Extrême-Orient, et pour limiter notre analyse au seul Japon pris dans sa configuration régionale, ne visera pas à entamer la validité des thèses de Said à propos des autres Orients, mais plutôt à dire l’enrichissement et la profondeur que peut apporter en retour un détour par l’Asie. Le japonisme s’inscrit apparemment dans la tradition des études orientalistes, à visée impérialiste, dans la mesure où l’orientalisme et l’extranéisation occidentale de l’autre sont des corollaires de l’eurocentrisme. Pourtant, l’orientalisme occidental n’a pas atteint le Japon, et ce pays a suivi la même voie que l’Europe en produisant un orientalisme spécifique. Ainsi, les Japonais n’ont-ils pas donné prise à un orientalisme qui serait venu les définir. Au contraire, eux-mêmes ont modelé la perception occidentale du Japon. Néanmoins, les hypothèses saidiennes sur l’orientalisme ainsi conçu sont du plus grand intérêt pour mieux comprendre les échanges entre Europe, Amérique du Nord et Extrême-Orient, tandis que le Japon se trouve conduit à redéfinir sa position, à la fois sujet de l’orientalisme occidental, et producteur d’un orientalisme tourné vers l’Asie proche, en phase avec son histoire impériale.