« Être » ou « devenir » humain ? La famille en tant que communauté dans l’éthique de rôle confucéenne

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2020

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Roger T. Ames et al., « « Être » ou « devenir » humain ? La famille en tant que communauté dans l’éthique de rôle confucéenne », Diogène, ID : 10670/1.cyj89r


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S’appuyant sur l’argument que la rencontre de la philosophie confucéenne avec la théorie éthique occidentale ne constitue pas un tournant, cet article cherche dans le vocabulaire de l’éthique confucéenne les éléments permettant de dessiner la vision sui generis de la vie morale comme une éthique de rôle confucéenne. Etant donné la centralité de la famille en tant que lieu initial d’acquisition des qualités morales, un terme clé du corpus confucéen qui exprime cette notion d’éthique de rôle n’est rien d’autre que l’impératif moral primordial de cette tradition, à savoir la « révérence familiale » – ou pitié filiale – ( xiao). Si notre but est d’aborder la tradition confucéenne selon ses propres termes et de la laisser s’exprimer par elle-même sans la remplacer par nos propres priorités culturelles, il faut commencer par reconsidérer de manière critique la conception confucéenne de l’individu comme point de départ de l’éthique confucéenne. Cette dernière diffère du tout au tout de l’individualisme qui fonde l’approche occidentale dont la terminologie est éloquente (agents, actions, traits de caractères, autonomie, choix, liberté, principes…). L’éthique confucéenne s’appuie d’abord sur une vision totalisante de l’expérience humaine et recourt à un ensemble de termes qui révèlent des idées totalement différentes : par exemple que les qualités morales se manifestent sous la forme d’une virtuosité consommée dans les rôles et les relations qui nous constituent. Ne pas distinguer les « êtres » humains individuels des « devenirs humains » relationnels revient bon gré mal gré à importer, avant même de se pencher sur la question, une notion contemporaine de personne résolument étrangère au sujet.

In this essay, I argue that Confucian philosophy’s encounter with Western ethical theory is not its defining moment. I try to use the vocabulary of Confucian ethics itself to express its own sui generis vision of the moral life as Confucian role ethics. Given the centrality of family as the entry point for pursuing moral competence, a key term appealed to in the Confucian corpus that expresses this notion of role ethics is nothing less than the prime moral imperative in this tradition, “family reverence” ( xiao). If our goal is to take the Confucian tradition on its own terms and to let it speak with its own voice without overwriting it with our own cultural priorities, we must begin by first self-consciously and critically theorizing the Confucian conception of person as the starting point of Confucian ethics. I argue that the vocabulary of agents, acts, generic virtues, character traits, autonomy, motivation, reasons, choice, freedom, principles, consequences, and so on, introduces distinctions that assume a foundational individualism as its starting point. Confucian ethics by contrast begins from the wholeness of experience, and is formulated by invoking a radically different focus, a cluster of terms and distinctions with fundamentally different assumptions about how personal identities emerge in our human narratives, and how moral competence is expressed as an achieved virtuosity in the roles and relationships that come to constitute us. To fail to distinguish what I will call individual human “beings” from relationally-constituted “human becomings,” then, would mean that we have willy-nilly insinuated a contemporary and decidedly foreign notion of person into our investigation before it has even begun.

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