17 septembre 2020
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Kévin Morvan, « La Folie dans Le Neveu de Rameau », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.czoepy
Malgré les nombreux sujets du dialogue entre LUI et MOI, la folie n’est pas abordée. Ou plutôt, ce thème de la folie reste un sujet-clé du Neveu de Rameau, mais il est évoqué de biais. Avant même sa rencontre avec LUI au café de la Régence, le philosophe-narrateur décrit ce dernier comme un « être bizarre », un fou. Néanmoins, tout au long de l’œuvre, le lecteur s’interrogera sur la prétendue folie du Neveu et sur la prétendue sagesse de son interlocuteur, « monsieur le philosophe ». LUI paraîtra fou aux yeux du lecteur par son exubérance, son discours hors norme ; tout comme MOI lui semblera sage par sa réserve. Deux êtres antithétiques et pourtant si proches, et paradoxalement, la folie pourrait être plus proche du génie que la médiété. De plus, la folie n’est pas seulement d’ordre individuel, puisqu’elle se rapproche de nombreux éléments comme celui de la pauvreté, de l’usure, de la vie en communauté, à travers le salon Bertin notamment. De ce fait, il est possible de faire un rapprochement entre Le Neveu de Rameau de Diderot et l’Éloge de la folie d’Érasme. Enfin, l’écriture même est cohérente avec ce thème de la folie : c’est dans une forme-sens que Diderot écrit sur la folie ; style fou pour parler de la folie. Le genre du dialogue et de la satire se prêtent véritablement bien pour l’écriture exubérante diderotienne. La satire permet de relever l’aspect fou de chaque personnage, le dialogue de leur laisser la parole et par là-même, de mieux les comprendre.