October 25, 2019
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Danielle Elisseeff et al., « "Chine : la couleur de la nuit" par Danielle Elisseeff : in Séminaire Langarts "La nuit à la croisée des arts et des cultures : perceptions, imaginaires, représentations". », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.d46792...
Noire comme l’encre des calligraphes ‒ ce qui la rend familière et respectable ‒ la nuit chinoise ne fait pas peur ; elle est l’une des faces du monde céleste dont dépend notre vie. Elle accueille et protège tout ce qui n’est pas ordinaire : les arcanes du pouvoir (quiconque venait jadis à la cour devait se présenter avant le lever du soleil) ; ou bien la fête que les peintres du Sud ont si bien mis en scène ; ou au contraire l’attaque soudaine, le danger, mais aussi la victoire habilement gagnée ; à moins que des hallucinations ne fassent apparaître des fantômes. Aujourd’hui pourtant, alors que s’impose partout la lumière artificielle, tout se passe comme si les hommes organisaient l’absence de la nuit. Mais comment vivre dans un monde sans alternance, sans ce retournement perpétuel d’une chose à son contraire dont les philosophies chinoises soulignent depuis l’Antiquité la nécessité existentielle ?