La construction locale d’une base transnationale de données en botanique

Résumé Fr En Es

Cet article décrit le travail d’une équipe de cinq personnes se consacrant à la numérisation de spécimens de plantes contenus dans un vaste herbier à Montpellier, projet ayant pour objectif la production de données numériques devant être insérées dans une banque de données d’envergure mondiale. Notre analyse descriptive met en lumière, d’une part, l’invisibilité associée aux contraintes d’une infrastructure informationnelle transnationale qui sépare les données de leur lieu de production locale : le travail de ces personnes constitue un travail fantôme, un travail de « petites mains », un travail rendu invisible du fait de l’envergure mondiale du projet qui suppose une standardisation des tâches d’exécution et l’anonymat des exécutants. D’autre part, nous nous interrogeons sur l’importance des valeurs politiques et morales associées à la configuration d’un dispositif sociotechnique cherchant à valoriser à la fois la production scientifique et les individus qui en sont responsables. Enfin, le cas présenté ici donne à voir la transposition en mode numérique de données scientifiques déjà existantes. Cette transformation matérielle restreint certaines possibilités de production des savoirs tout en ouvrant la porte à de nouveaux possibles cognitifs.

This article describes the work of a team of five persons working to digitise plant specimens from a huge herbarium in Montpellier with a view to producing digital content for an international plant science database. Our descriptive analysis highlights, on the one hand, the invisibility associated with the constraints of an information infrastructure project which separates data from its site of production; the people producing digital data are a ghostly workforce, carrying out work that must remain invisible given the requirements for standardization in execution and presentation of results. We raise questions about the political and moral values associated with the configuration of a socio-technical device that acknowledges both scientific production and the individuals who are responsible for it. Finally, the case presented here illustrates the transposition of data that already exists into another, digital form. This material transformation restricts certain possibilities of use for the production of further scientific knowledge, at the same time as it opens up other possibilities.

Este artículo describe la labor de un equipo de cinco personas que trabajan digitalizando especies de planta de un enorme herbario en Montpellier, con el fin de producir contenido para una base de datos de planta internacional. Los puntos más culminantes de nuestro análisis descriptivo muestran, por un lado, la invisibilidad asociada a las limitaciones de un proyecto de infraestructura de la información que separa los datos de su sitio de producción; las personas que producen datos digitales son una fuerza de trabajo fantasma, que efectúan un trabajo invisible dadas las exigencias de la estandarización en la ejecución y la presentación de resultados. Resaltamos cuestiones de orden político y moral asociados a la configuración de un dispositivo socio-técnico que reconoce tanto la producción científica como los individuos responsables de esta. Finalmente, el caso ilustra la transposición de datos existente en otra forma digital. Esta transformación material restringe ciertas posibilidades de uso para la producción de conocimiento científico, pero al mismo tiempo abre otras posibilidades.