2016
Cairn
André-Frédéric Hoyaux, « Corps en place, place du corps », L'Information géographique, ID : 10670/1.dbfwt7
Cet article tente d'analyser les relations des corps, principalement humains, dans l'espace. Il montre que les effets corporels ne sont pas toujours liés à un contexte qui serait par tous objectivable et quantifiable de la même façon. En effet, la relation du corps se fait plutôt à partir d'une situation que l'habitant constitue en propre. Cette relation du corps avec l'espace est une mise en chair. Elle projette l'habitant par-delà les limites supposées du contexte, de l'environnement, à travers sa pensée ou parfois grâce à la technique qui vient à son secours et crée un artefact de cette possibilité de se projeter. Cette mise en chair permet de dépasser les déterminismes qui voudraient que le corps soit toujours influencé par l'extérieur (le contexte) ou par l'intérieur immédiat (l'organisme), mais aussi par les emplacements où il se trouve et qui le désigneraient dans sa position sociale. Car si ces déterminismes semblent pouvoir lui offrir une stabilité dans le jeu des places, sa liberté ne peut se révéler qu'en déplaçant les normes qui en fondent les règles et les regards de celles et ceux qui vivent avec lui. Ainsi, au-delà du corps en place ou placé, que celui-ci bouge ou non, cet article postule que l'habitant est en quête d'un dépassement de ces canevas prédéfinis et retranscrits quotidiennement dans son existence, pour renouer avec sa propre possibilité de prendre place à travers son corps dans des espaces autres qu'il met à proximité pour pouvoir s'abstraire de la réalité présente.