Délire d’indignité mélancolique, pure douleur d’exister et peine auto-thérapeutique

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L’auteur analyse les conduites d’autopunition dans la psychose mélancolique dont l’entité clinique apparaît désormais diluée dans la rubrique des épisodes dépressifs des classifications standardisées. Mettant à contribution les apports de la psychiatrie clinique ainsi que les enseignements de Freud et de Lacan, cette étude examine, d’une part, la culpabilité délirante dans la mélancolie ainsi que la causalité psychique des passages à l’acte auto et hétéro-agressifs qui en dérivent. Elle précise, d’autre part, la logique subjective sous-tendant l’auto-dénonciation mélancolique auprès des autorités judiciaires et administratives, ainsi que les fonctions psychiques qu’elle remplit. À l’appui de la clinique, elle s’attache enfin à démontrer que l’autopunition peut constituer une solution auto-thérapeutique quand les mélancoliques parviennent, dans leur construction délirante, à édicter le motif même de leur faute et à y consentir. En ce sens, la peine qu’ils s’infligent est un mal nécessaire leur permettant d’endurer leur pure douleur d’exister. Si certains recourent à la justice pour se l’administrer, d’autres inventent une solution sur mesure afin d’assurer le traitement de la faute dont ils s’incriminent, la jouissance scandaleuse qu’ils s’éprouvent personnifier.

The author analyzes self-punishment behaviors in melancholic psychosis, a clinical entity that has been diluted under the category of depressive episodes in standardized classifications. This study draws on both the contributions of clinical psychiatry and the teachings of Freud and Lacan. First, it examines the delusional guilt in melancholia, as well as the psychic causality of the subsequent auto- and hetero-aggressive acting-outs. Second, it specifies the subjective logic underlying melancholic self-denunciation to judicial and administrative authorities, as well as the psychic purposes that this serves. Finally, based on clinical evidence, this study tries to demonstrate how self-punishment can constitute a self-therapeutic solution when melancholic subjects manage, in the midst of their delusional constructions, to promulgate and consent to the precise motive of their fault. Hence, the sentence they impose upon themselves is a necessary evil, which allows them to endure their pure existential pain. While some subjects appeal to the justice system to have such a sentence administered, others invent a customized solution to ensure the treatment of the fault with which they incriminate themselves, and the scandalous jouissance that they feel they personify.

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