L’omniprésence de la religion : les médecins belges et le dilemme obstétrical (1840-1880)

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2020

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Jolien Gijbels, « L’omniprésence de la religion : les médecins belges et le dilemme obstétrical (1840-1880) », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.dn020u


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Cet article examine l’interaction intellectuelle entre les médecins catholiques et libéraux au xixe siècle sur la base des idées avancées lors du débat médical belge sur le dilemme obstétrical. A cette époque, l’obstruction en cours d’accouchement plaçait les médecins face à un dilemme majeur : fallait-il choisir la vie de la mère ou celle de l’enfant ? Une césarienne (en théorie la seule opération capable de sauver à la fois la femme et le fœtus à terme) entraînait la mort de la plupart des femmes. D’autres interventions obstétricales, comme l’avortement médical, offraient à la femme de meilleures chances de survie, mais étaient préjudiciables, par définition, à la vie ou à la santé du fœtus. La gravité du choix à faire mit en évidence de véritables fossés philosophiques dans le domaine médical. Ce choix ouvrit la porte à des questions ne relevant pas du domaine strictement scientifique, comme la priorité entre la mère et l’enfant et le statut de l’enfant à naître. De nombreux accoucheurs étaient guidés dans ces cas précis non seulement par des arguments médicaux, mais aussi par leurs convictions philosophiques dans leur choix d’un ou de plusieurs procédés obstétricaux. En analysant les arguments qui ont dominé ce débat entre 1840 environ et 1880, cet article démontre que, dans un pays à prédominance catholique comme la Belgique, il était impossible d’exclure la religion des débats médicaux qui ont soulevé une réflexion éthique approfondie. Dans un contexte aussi idéologiquement chargé, où les convictions personnelles inspiraient les actions des médecins en salle d’accouchement, le respect de la liberté idéologique de chaque médecin était la seule solution viable.

This article examines the intellectual interaction between Catholic and liberal physicians in the nineteenth century based on the ideas put forward during the Belgian medical debate on the obstetrical dilemma. At that time, obstructed labor confronted doctors with a major dilemma : should they choose the life of the mother or that of the child ? A caesarean section (in theory the only operation that could save both the woman and the fetus at term) resulted in the death of most women. Other obstetric procedures, such as medical abortion, offered the woman a better chance of survival but were by definition detrimental to the life or health of the fetus. The seriousness of the choice to be made highlighted ideological boundaries in the medical field. It opened the door to questions that were not strictly scientific, such as the priority between mother and child and the status of the unborn child. Many obstetricians were guided in these cases not only by medical arguments, but also by their philosophical convictions in their choice of one or more obstetric procedures. By analyzing the arguments that dominated this debate between about 1840 and 1880, this article demonstrates that in a predominantly Catholic country like Belgium, it was impossible to exclude religion from medical debates on medical interventions that raised profound ethical questions. In such an ideologically charged context, where personal convictions inspired the actions of doctors in the delivery room, respect for the ideological freedom of each doctor was the only viable solution.

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