2021
Cairn
Christèle Dondeyne et al., « La place est-elle prise ? : Contributions des Gilets jaunes aux luttes socio-environnementales locales. Pistes d’analyse à partir du cas finistérien », Écologie & politique, ID : 10670/1.doo0ez
Le rapport des Gilets jaunes à l’écologie peut se saisir à la fois dans les spatialités et les habitats qu’ils s’approprient, ou par les relations – souvent distantes – qu’ils entretiennent avec l’écologie politique institutionnalisée, mais aussi par les façons dont le local, comme échelle de définition de ce qui fait commun et de construction des attachements, est investi. À travers la présence des Gilets jaunes sur les fronts locaux de luttes socio-environnementales, se donnent à voir les prises – au sens pragmatique des saillances offertes par les situations et qui permettent de déployer un processus critique générateur de transformation sociale – par lesquelles ils amplifient ces fronts et se reconfigurent à leur contact. C’est ainsi la façon à la fois résolue et précaire dont les Gilets jaunes investissent ces fronts que nous explorons dans cet article, à partir d’une enquête ethnographique multi-située. Vu depuis les plages et les champs du Finistère, le mouvement des Gilets jaunes trouve dans la protestation contre l’emprise spatiale et symbolique de l’agriculture productiviste, la critique de la gestion des ressources en eau et en énergie, l’attachement au littoral, des prises nouvelles et situées d’articulation progressive entre injustices sociales et inégalités environnementales.