avril 2019
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Vincent Durand-Dastès, « Une ardente alchimie ou l'immortalité par les cuisines », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.dxbcm8
Ce chapitre analyse deux scènes de transmission de la voie taoïste à des disciples femmes, Sun-la-non-duelle 孫不二et He Xiangu 何仙姑, dans des romans en langue vulgaire de la Chine impériale tardive. À la différence des hagiographies en langue classique, qui réservent à ces femmes une place subalterne, ces récits feront d’elles les tout premiers disciples de grands maîtres (Wang Zhe 王喆, Lü Dongbin 呂洞賓). Mais elles ne le deviendront qu’après avoir détruit ou mutilé leur corps par brûlure, prouvant par leur résolution être « de vraies mâles entre les femmes » (nü zhong zhangfu 女中丈夫). Ainsi, le discours du roman en langue vulgaire, même s’il donne plus de place aux adeptes femmes que les hagiographies canoniques, persiste à trahir une profonde méfiance à l’égard du corps féminin. Mais il se plaît en même temps à mettre en avant la possibilité d’une sainteté atypique, capable de renverser en partie la hiérarchie des sexes.