Protagonisme et crises politiques : Individus « ordinaires » et politisations « extraordinaires »

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2016

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Conçu comme une introduction au dossier thématique, cet article revient sur la notion de « protagonisme » forgée par l’historien Haim Burstin à propos de la Révolution française. Il en présente les spécificités, ainsi que la manière dont elle condense des déplacements significatifs dans l’analyse des crises politiques et des révolutions. Tester cette proposition historienne sur des terrains et des disciplines variés permet de se livrer à un exercice original d’interdisciplinarité et de mesurer la fécondité du regard que la notion invite à porter sur un enjeu central des conjonctures critiques : leur capacité à transformer les individus en acteurs de l’Histoire, et la contribution de ceux-ci à la dynamique des événements. La présentation des contributions est l’occasion de dresser un premier bilan. Il apparaît que la notion permet de revisiter des dimensions nodales des moments critiques, qui tiennent aux temporalités qui sont en jeu, aux fabriques instables et processuelles de la légitimité, au rôle des affects dans les conduites, au travail de signification opéré par des collectifs organisés. Des compléments semblent toutefois nécessaires pour la rendre plus opératoire encore, tels que la prise en compte des régimes politiques, des cultures temporelles, des précédents historiques, des cycles de répertoires protestataires et des formes d’invisibilisation collective. Au-delà, cette expérience rappelle certains des enjeux toujours vifs qui se posent à l’analyse, comme celui de la comparaison, et en suggère d’autres, comme celui des frontières parfois brouillées entre l’ordinaire et l’extraordinaire.

Conceived as an introduction to the thematic dossier, this article reconsiders the notion of « protagonism » developed by the historian Haim Burstin in connection with the French Revolution. The specific features of the notion in question are presented, as well as the way it condenses significant shifts in the analysis of political crises and revolutions. Testing this historically-oriented proposal on various fields and areas of knowledge makes it possible to engage in an original interdisciplinary exercise ; it also enables us to evaluate the fruitfulness of the perspective the notion induces us to adopt on a central issue linked to critical situations : their capacity to transform individuals into agents of History contributing to the dynamics of events. The presentation of contributions provides the opportunity to make a preliminary assessment. The notion appears to enable us to revisit nodal dimensions of critical moments, resulting from the temporalities at stake, the unstable and processual productions of legitimacy, the incidence of affects on behaviors, and the signifying work carried out by organized collectives. However, in order to make the notion even more operative, additional elements seem to be necessary, such as taking account of political regimes, temporal cultures and historical precedents, cycles of repertoires of contention, and forms of collective invisibilization. Beyond that, this experience reminds us of some of the crucial issues facing analysis, such as those related to comparison, and suggests others, such as the occasional blurring of boundaries between the “ordinary” and the “extraordinary.”

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