2016
Isabelle Guillaume, « Sur la piste des animaux sauvages », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.e4jsnj
L’article s’inscrit dans le cadre d’un numéro intitulé « La science dans tous ses états ». Ours des pôles, lions de la savane, éléphants d’Afrique et d’Asie font partie du bestiaire de l’édition de jeunesse d’aujourd’hui. Les nombreux spécimens qui peuplent le rayon des « documentaires scientifiques et techniques » attestent la dimension didactique de ce thème. Mais, à côté de collections où la mise en scène des connaissances dans l’espace de la double-page sert essentiellement à transmettre des informations scientifiques, plusieurs ouvrages récents effacent la frontière du documentaire et du beau livre et, pour certains, s’inscrivent dans la lignée des planches du naturaliste Ernst Haeckel qui était persuadé qu’un art moderne pouvait s’élaborer à partir de l’histoire naturelle. D’autres livres parus ces dernières années montrent que la frontière entre science et fiction se révèle poreuse lorsqu’il s’agit d’évoquer la faune sauvage : documentaires plaçant la science sous l’angle de l’aventure en réinterprétant la figure de l’explorateur naturaliste des récits de voyage du dix-neuvième siècle ou montrant que la représentation des bêtes sauvages se construit au croisement de la science et de l’imaginaire en transposant au livre d’aujourd’hui le principe ancien du cabinet de curiosités dont les naturalia mêlaient la science à la légende ; fictions inspirées par l’extinction d’espèces animales et faisant surgir le romanesque au cœur même du réel et de ses acteurs.