Entretien dans le cadre de l’ANR-COLOSTRUM auprès d’une femme âgée de 37 ans, mère d’un garçon né au Centre Hospitalier Universitaire de la ville de Fès au Maroc

Résumé 0

L’entretien a été enregistré auprès d’une femme âgée de 37 ans, ayant donné naissance à son troisième enfant, le lendemain de son accouchement. L’enquêtrice débute l’entretien avec des questions sur l’expérience de l’allaitement. L’informatrice explique qu’elle a déjà allaité lors de ses précédentes grossesses et que c’est une expérience tout à fait naturelle pour elle. Dans les trois cas, elle n’a pas eu besoin de recourir à quelque moyen que ce soit pour faciliter la montée de lait. L’informatrice a allaité son premier enfant pendant deux mois et le deuxième pendant un an. En revanche, elle ne sait pas encore combien de temps elle allaitera son dernier enfant. L’informatrice évoque une séparation entre elle et son enfant après l’accouchement, pour des raisons d’hospitalisation à la suite d’une césarienne. De ce fait elle admet avoir rencontré quelques difficultés pour l’allaiter le lendemain de l’accouchement et explique que l’enfant avait déjà reçu un substitut de lait maternel. L’enquêtrice poursuit en abordant la question du colostrum. A ce sujet, l’informatrice déclare n’avoir aucune connaissances sur le colostrum (“lba” en marocain), que ce soit au niveau du goût ou de la couleur. Tout ce qu’elle sait c’est qu’il est très important pour les nouveau-nés. Concernant la présence du colostrum, elle l’estime à une durée de 2 à 3 jours mais n’a aucune idée de la façon dont il est produit. Elle pense que le colostrum est produit normalement seulement si le bébé naît après le 7ème mois de grossesse. L’enquêtrice questionne ensuite l’informatrice à propos de ses connaissances biomédicales et traditionnelles. Au cours de cet échange, l’informatrice répond que les médecins lui ont dit qu’il fallait qu’elle allaite son enfant, notamment pour les vertus importantes du colostrum, discours qui s’est avéré être le même que celui de son entourage. Enfin, l’enquêtrice évoque le rapport avec la religion. Étant de confession musulmane, elle considère qu’il est obligatoire d’allaiter. Elle répond également positivement à la question sur l’existence de la “parenté de lait” mais elle est personnellement contre les pratiques de co-allaitement et du don de colostrum à d’autres enfants. Elle confie n’avoir effectué aucune recherche préalable concernant l’allaitement. Concernant les conséquences physiques de la grossesse, l’informatrice déclare avoir utilisé des pommades comme soins pour les mamelons et les seins. Elle évoque les conséquences esthétiques de la grossesse et de l’allaitement et les qualifie de négatives pour la beauté du corps de la femme mais nuance son propos en disant que cela diffère d’une femme à l’autre. Pour elle, le meilleur choix que puisse faire une mère est celui de l’allaitement, pour le bien-être de l’enfant. L’enquêtrice oriente ensuite la conversation sur la sexualité. Durant sa grossesse l’informatrice n’a eu aucun désir sexuel mais durant la période de l’allaitement elle a entretenu des rapports sexuels avec son mari de façon tout à fait normale. Elle affirme qu’il n’y a eu aucun complexe lié à la “parenté entre les substances” (sperme/colostrum/lait). Selon l’informatrice la cause la plus importante de la mortalité infantile reste le manque d’attention des parents.