2012
Cairn
Salomon Resnik, « Réflexion sur autisme et psychose. Hommage à Frances Tustin », Journal de la psychanalyse de l'enfant, ID : 10670/1.ejegn7
La forme de pensée autistique est déréelle, « Dereistisches Denken » d’après Eugen Bleuler, et elle se présente comme une réalité en elle-même. La réalité inconsciente de la pensée autistique, apparemment désorganisée, a sa logique propre, proche, selon moi, de l’interprétation des rêves. L’isolement autistique ainsi que son discours maniériste et secret sont l’expression d’une fermeture, d’une difficulté à se projeter dans le monde et d’une nécessité de garder son énigme secrète. Le monde est persécuteur et dangereux, il a besoin de rester dans sa tranchée. La sortie de la carapace autistique s’exprime souvent par une crise d’ouverture catastrophique et un danger de mort. Le petit enfant autiste Oscar dira « Rou-ra, mour-ra ». Identifiée à un disque, la pensée circulaire chosifiée d’Oscar est en danger de tomber en morceaux dans son ouverture. Selon mon expérience, la sortie de l’autisme se traduit souvent par une crise psychotique, mais quelques fois elle peut avoir lieu durant l’analyse, de manière graduelle. Dans la schizophrénie, d’après Bleuler et selon mon expérience personnelle, il y a toujours un noyau autistique latent. J’espère que ma contribution et mon expérience pourront rendre service au lecteur.