Le mariage entre « Grecs » et « Latins » dans le monde vénitien. Gouvernement des minorités, discordes confessionnelles et convergences procédurales (fin XVIe-fin XVIIIe siècle)

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2019

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Jean-François Chauvard, « Le mariage entre « Grecs » et « Latins » dans le monde vénitien. Gouvernement des minorités, discordes confessionnelles et convergences procédurales (fin XVIe-fin XVIIIe siècle) », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.ekx62v


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À la faveur du raidissement des frontières confessionnelles et du renforcement de la discipline matrimoniale qui suivirent le concile de Trente, les mariages mixtes entre « Grecs » et « Latins » ne perdirent pas leur validité, mais furent plus difficilement acceptés et les familles qui en étaient issues constituèrent un terrain propice à l’action missionnaire des Églises. Dans ce contexte, la République de Venise occupait une position singulière parmi les États catholiques du fait de l’extension de ses possessions ultramarines à une partie du monde grec (les îles ioniennes en particulier), à des espaces, comme la Dalmatie et l’Albanie, où cohabitaient localement des communautés latines et des communautés slaves orthodoxes, dites « serviennes », et également à cause de la présence dans la cité lagunaire même de très nombreux Grecs. Cet article entend aborder, successivement, deux dimensions des mariages mixtes entre Grecs et Latins dans le monde vénitien : d’abord, leur dimension éminemment politique qui conduisit les autorités vénitiennes à réaffirmer leur attachement pragmatique aux mariages entre Grecs et Latins contre les tentatives de remise en cause des usages établis qui agitèrent de manière sporadique le Dominio da Mar à partir de la fin du xvie siècle. Ensuite, leur traitement administratif de la part des Églises pour lesquels les mariages mixtes ont, certes, été une source de tensions dans un climat de rivalité, mais aussi de collaboration car ils étaient soumis, en amont, aux mêmes procédures de contrôle quel que soit le rite dans lequel ils étaient célébrés. Pour apprécier la nature de cette collaboration, la prise en compte du contexte local a toute son importance. Le contrôle du statut matrimonial des futurs époux fut l’un des nombreux sujets de frictions entre les deux Églises au xviiie siècle, au niveau local, en particulier en Dalmatie, alors qu’il reposa, à Venise même, sur la mise en place de procédures similaires ( processetto matrimoniale), voire communes, entre la curie patriarcale catholique et l’archevêque orthodoxe.

Following the hardening of confessional boundaries and strengthened marriage discipline following the Council of Trent, mixed marriages between “Greeks” and “Latins” did not lose validity, but were not as easily accepted. Families resulting from such marriages became a fertile ground for the missionary work of Churches. Under these circumstances, the Republic of Venice was unique among Catholic states due to its extensive overseas possessions in a portion of the Greek world (notably the Ionian islands), areas such as Dalmatia and Albania, where Latin and Orthodox Slavic communities (known as “Servian”), and also due to the presence of a large Greek population in Venice. This article addresses two dimensions of mixed marriages between Greeks and Latins in the Venetian world : firstly, their eminently political dimension, prompting Venetian authorities to reassert their pragmatic attachment to marriages between Greeks and Latins in opposition to attempts to challenge established customs that broke out sporadically in the Dominio da Mar from the late 16th century. Next, their administrative handling by the Churches, for which mixed marriages were, admittedly, a source of tension in a climate of rivalry, but also a source of collaboration, as such marriages were subject to the same prior control procedures regardless of the rite according to which they were celebrated. To assess the nature of this collaboration, the local context must be taken into account. The control of the marital status of future spouses was one of many topics for conflict between the two Churches in the 18th century at the local level, especially in Dalmatia, where in Venice proper, this control was rooted in similar or even joint procedures (the processetto matrimoniale) between the Catholic Patriarchate curia and the Orthodox archbishopric.

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