Le fils du chef : État colonial et production de l’hérédité politique en Nouvelle-Calédonie

Résumé Fr En

Les logiques de transmission héréditaire du pouvoir dans le monde kanak sont analysées ici à partir d’une enquête sur la surreprésentation des « chefs » en politique dans la Nouvelle-Calédonie coloniale des années 1950. Cette étude se fonde sur la prosopographie des élus mélanésiens après la fin du Code de l’indigénat (1946), sur une recherche dans les archives de l’administration coloniale et sur des entretiens avec des élus et anciens élus de la période. Il en ressort que cette surreprésentation des chefs est plus le produit d’une instrumentalisation symbolique opérée par eux que d’une légitimité « traditionnelle » de l’hérédité qui serait convertible en politique. Dans le contexte kanak, ce qui compte c’est l’aptitude à contrôler un espace consacré par l’administration, et c’est parce qu’ils se situent à la frontière de l’État colonial que ces « chefs » s’imposent en politique.

Drawing upon a study of the over-representation of “chiefs” in the politics of 1950s-era colonial New Caledonia, this article examines the mechanisms governing the hereditary transmission of power in the Kanak world. It is based upon a prosopography of Melanesian politicians following the end of the Code de l’indigénat (1946), research in the archives of the colonial administration and interviews with (present-day or former) politicians who were active at the time. The article finds that the over-representation of chiefs resulted more from their opportunistic use of symbols than from politically leveraging any “traditional” legitimacy enjoyed by lineage. In the Kanak context, what counted was one’s ability to control a space recognized by the administration; by positioning themselves at the frontier of the colonial state, these “chiefs” were able to impose themselves in politics. ■

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