2020
Cairn
Marco Saraceno, « Moteur humain et premier instrument : le corps qui « marche » dans l’œuvre d’Angelo Mosso », Movement & Sport Sciences - Science & Motricité, ID : 10670/1.er23eo
L’article étudie l’importance de l’expérience de la marche dans l’œuvre du psychophysiologiste italien Angelo Mosso (1846–1910), internationalement connu pour ses recherches sur la fatigue et précurseur de la physiologie de l’exercice en altitude. Dans son œuvre, la marche apparaît sous différentes formes, en consonance avec sa conception de la science du mouvement. D’un côté, le physiologiste se sert des marches forcées des militaires comme expérience « grandeur nature » pour étudier les effets de la fatigue sur les fonctions organiques ; d’un autre côté, le psychologue se sert de son vécu de marcheur pour étudier le rapport entre modification physiologique et « sensations internes » ; enfin, la marche en montagne revient constamment dans les textes du réformateur social comme exemple d’une « fatigue positive ». À partir de la figure de Mosso, l’article s’interroge sur la place du « corps qui marche » dans le développement de la psychophysiologie à la fin du positivisme. D’un côté, le corps qui marche est objectivé et mesuré comme exemple du rendement énergétique ; de l’autre il est exalté et mythifié comme rempart romantique contre la dégénérescence du corps sédentaire et mécanisé de la ville industrielle. Enfin, entre ses deux extrêmes, on voit émerger une réflexion sur l’effort comme « instrumentalisation de soi ».