2019
Cairn
Yannick Rumpala, « Quelle place pour une « sobriété heureuse » ou un « hédonisme de la modération » dans un monde de consommateurs ? : Entre (re)construction d’un ethos et tensions non résolues », L'Homme & la Société, ID : 10670/1.eta77m
Face au modèle consumériste dominant, sobriété et modération sont devenues des incitations plus courantes, mais suscitent majoritairement la méfiance, notamment à cause des connotations de sacrifice et de privation qu’elles peuvent véhiculer. Cependant, des discours sont aussi développés pour tenter de recoder ces termes et peuvent trouver une audience : par exemple celui de la philosophe britannique Kate Soper qui repère l’extension d’un « hédonisme alternatif », ou celui plus militant de Pierre Rabhi, qui essaye de promouvoir une « sobriété heureuse ». Cette contribution propose d’analyser les soubas-sements de telles propositions et d’en apprécier la portée sociale, en l’occurrence à partir de trois critères (empruntés à Erik Olin Wright) : leur désirabilité, leur viabilité et leur réalisabilité. Afin de cerner l’ethos promu, il s’agit d’abord de caractériser la nature des conceptions et propositions qui le sous-tendent et qui visent à en faire un modèle attirant pour les individus et la collectivité. Parce que le modèle esquissé entre en tension avec l’ordre économique de la « société de consommation », est ensuite testée la prétention à constituer une alternative individuelle et collective, en l’occurrence à l’aune des trois critères précédents, ce qui offre une autre manière d’étudier ces logiques de défense de la modération et leur robustesse.