2021
Cairn
Sylvain Cypel, « De la Shoah à la Nakba, un travail de mémoire en souffrance », Confluences Méditerranée, ID : 10670/1.etj7ui
Deux tragédies monopolisent les enjeux mémoriels en Israël. La première est évidemment le génocide nazi des Juifs d’Europe, qui a précédé la création de l’État. Le regard porté sur ce crime exceptionnel a évolué avec le temps, mais la volonté d’Israël de se constituer en unique héritier juif légitime de cette tragédie n’a jamais cessé. Mais, paradoxalement, la société israélienne voit dans la Shoah un événement quasi anhistorique, tout en usant abusivement de sa mémoire à tout propos. Le second enjeu est la volonté acharnée d’évacuer de la mémoire collective l’expulsion, entre 1947 et 1950, de plus de 85 % de la population palestinienne qui résidait sur le territoire de ce qui allait devenir Israël. Mais le regard porté sur cette événement a, lui aussi, évolué avec le temps. Du déni étatique initial, de l’épuration ethnique alors mise en œuvre, une partie de l’opinion israélienne a basculé dans l’aval assumé du crime.