Systèmes hydrauliques et structures urbaines en Iran. Un modèle traditionnel d’intégration à l’épreuve de la modernisation

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2021

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Ayda Alehashemi et al., « Systèmes hydrauliques et structures urbaines en Iran. Un modèle traditionnel d’intégration à l’épreuve de la modernisation », Flux, ID : 10670/1.f8gm8y


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Stimulé par une croissance économique et démographique dont la vigueur n’a pas faibli durant un siècle, l’Iran a engagé à partir de 1920 une politique de modernisation en profondeur de ses réseaux et infrastructures hydrauliques. L’article propose un bilan de cette transition extrêmement rapide d’un système traditionnel et ancestral, hérité de la civilisation millénaire de l’eau en Perse, vers un modèle universel d’adduction. À partir d’études inédites, conduites sur le terrain entre 2015 et 2019, sur un échantillon représentatif des typologies urbaines en Iran (Téhéran, Semnân, Nâeen), les auteurs analysent la diversité des trajectoires de transition et d’hybridation entre les réseaux hydrauliques traditionnels et leurs substituts modernes, les effets socio-économiques et environnementaux produits, et l’évolution des formes urbaines et des structures de gouvernance territoriale de l’eau qui en résultent depuis le début du XXe siècle.L’étude soulève des questions qui interrogent le devenir des relations entre réseaux et territoires au XXIe siècle, en Iran comme dans de nombreux autres pays. Là où l’intégration des systèmes hydrauliques et des structures urbaines traditionnelles permettait une distribution équilibrée des ressources, grâce à un double ou triple réseau d’approvisionnement résilient aux crises hydriques les plus sévères, les provinces les plus fragiles sont de plus en plus dépendantes d’une gestion centralisée qui leur échappe, subissant les pénuries sans recours ni alternative. De ce point de vue, en privilégiant l’efficacité technique, les politiques de modernisation ont aggravé les inégalités socio-spatiales et fragilisé la cohésion entre villes et territoires. Si le cas de l’Iran est si singulier, ce n’est pas seulement pour des raisons environnementales, en particulier l’épuisement de ses aquifères et la perspective de crise hydrique permanente. C’est aussi parce que la rapidité et la brutalité de sa modernisation a entraîné des fractures et dépendances qui ne concernent pas les seuls réseaux hydrauliques, mais un vaste ensemble d’éléments immatériels qui font système avec le réseau et bouleversent son organisation sociale et ses pratiques culturelles de l’eau.

Stimulated by strong and steady economic and demographic growth over the previous century, Iran engaged a process of in-depth modernization of its hydraulic networks and infrastructures from the 1920s onwards. The article takes stock of this extremely rapid transition from a traditional and ancestral system, inherited from the water-led civilization of Persia, towards a universal model of water supply. Based on fieldwork carried out between 2015 and 2019 in a sample of cities representative of urban typologies encountered in Iran (Tehran, Semnân, Nâeen), the authors analyze the diversity of transition and hybridization trajectories between traditional hydraulic networks and their modern substitutes, their socio-economic and environmental effects, and the resulting evolution of urban forms and structures of territorial water governance since the beginning of the 20th century.The study raises questions about the future relations between networks and territories in the 21st century common to many countries. While the integration of hydraulic systems and traditional urban structures allowed a balanced distribution of resources due to doubling or tripling of networks producing resilience to the most severe water crises, remote regions are by contrast increasingly dependent on centralized management which they cannot influence, thereby suffering shortages without possible recourse. From this perspective, by favouring technical performance, modernization policies increased socio-spatial inequalities and weakened the cohesion of the country between its cities and arid zones. If the case of Iran is so unique, it is not only for environmental reasons such as ongoing depletion of its aquifers and a prospect of permanent hydric crisis. It is also because the speed and brutality of its modernization have created rifts and dependencies which do not concern the hydraulic networks alone, but also a vast set of intangible elements which form a system with the network and unsettle its social structures and cultural practices associated with water.

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