2011
Cairn
Catherine Rollet, « La canicule de 1911. Observations démographiques et médicales et réactions politiques », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.fbta86
Dans cet article qui porte sur la canicule de 1911 à Paris et en France, l’auteure veut d’abord montrer l’ampleur de la catastrophe qui a provoqué un surplus de 40 000 décès, dont 29 000 dans la petite enfance. La courbe de la mortalité aux jeunes âges épouse très étroitement l’évolution de la température des mois de juillet, août et septembre. Cette catastrophe est alors perçue exclusivement comme une crise de la mortalité des jeunes enfants. Or, les âgés ont également été touchés dans une moindre mesure cependant. On peut interpréter cette différence par le fait que la mortalité aux jeunes âges est beaucoup plus facilement appréhendée à l’époque que celle aux autres âges mais aussi par le fait que les observateurs de la situation sanitaire sont particulièrement les inspecteurs des enfants du premier âge, chargés de la surveillance des enfants placés en nourrice à la campagne. Cette source unique permet de se faire une bonne idée du mécanisme de cette crise qui touche notamment les régions productrices de lait. Les enfants sont morts des effets directs (coup de chaleur) et indirects (fragilisation) de la canicule, avec le symptôme très fréquent de la diarrhée. S’est surajoutée une épidémie de fièvre aphteuse chez les vaches qui a provoqué notamment dans les régions productrices de lait, une grave pénurie de lait, d’où le recours à d’autres aliments inappropriés. Finalement, les pouvoirs publics ont lancé à la suite de la crise une campagne de vulgarisation des notions élémentaires de prévention des maladies infantiles mais sans se préoccuper des personnes âgées qui venaient à peine d’entrer dans l’agenda politique.