2016
Cairn
Monique Canto-Sperber, « Liberté d’expression et quête de la vérité », Raisons politiques, ID : 10670/1.fbxkg8
La liberté d’expression est au fondement de l’État libéral. Selon ses défenseurs les plus radicaux, elle doit se traduire par le fait que tout individu a le droit d’exprimer ses opinions, aussi irrationnelles, choquantes ou immorales soient-elles, les seules limites envisageables ayant trait aux dommages directs qu’elles peuvent produire sur un individu. La justification la plus fameuse de la liberté d’expression tend à la doter d’une vertu cognitive dans la mesure où l’expression sans contraintes des opinions augmenterait les chances d’accéder à des opinions vraies et de perfectionner les raisons de ses opinions. Toutefois les caractéristiques de la culture contemporaine et du domaine public amènent à contester ce fondement (certaines opinions vraies pouvant devoir être prohibées et la réfutation des opinions fausses n’ôtant rien à leur pouvoir de persuasion) et à réfléchir d’autres modes de neutralisation des effets éventuellement nocifs d’une liberté d’expression radicale.