De l’externalisation des services publics à la professionnalisation des associations: Une précarisation discrète de l’emploi public

Résumé Fr

Depuis les années 1990, le champ associatif s’est profondément transformé, sous l’effet d’un mouvement de professionnalisation des associations et d’externalisation de services publics sur ces dernières. De 5,5 % des actifs occupés en 1993, les salariés d’associations en représentaient, en 2003, 6,7 %, une part globalement stable depuis, qui égale celle des agents de la fonction publique territoriale . Se sont ainsi constituées de vastes « entreprises associatives » sur lesquelles les collectivités et l’État externalisent les services publics, en premier lieu le travail social , éducatif , l’accompagnement professionnel , mais aussi la diffusion et l’animation culturelle. Cette délégation d’ampleur s’inscrit dans un processus plus général de « démission de l’État » , motivée par un objectif de réduction des dépenses publics, que portent les réformes successives dites de « modernisation » depuis maintenant plusieurs décennies . En conséquence, cette professionnalisation de l’administration culturelle produit des effets ambivalents sur les salariés : si elle offre des débouchés professionnels aux militants associatifs et bénévoles, elle produit en contrepartie un salariat précaire et corvéable et réduit l’autonomie des activités mises en place par ces associations, désormais étroitement contrôlées par le champ bureaucratique représenté par les élus locaux et les techniciens des collectivités . Le cas de Stéphane Cordier , dont la trajectoire est étroitement liée à celle d’une association culturelle à l’origine spécialisée dans la production et diffusion de courts métrages, ÉcranCourt, qu’il rejoint comme bénévole dans les années 1980 avant d’en devenir salarié, permet de revenir sur la tension ainsi produite sur ces salariés.

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