2017
Cairn
Jean-Christophe Coffin, « Le genre, une notion prise au sérieux dans les années 1960 : Autour du psychiatre et psychanalyste Robert Stoller », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.fv5x7p
Cet article s’appuie sur l’exploration des archives de Robert Stoller afin de montrer un psychiatre et psychanalyste au travail. La figure de R. Stoller est généralement associée à la notion d’identité de genre. C’est pourquoi l’étude a plus particulièrement porté sur cette notion et son usage. Elle devient centrale dans son œuvre entre le début des années 1960 et la sortie de son premier livre en 1968 aux États-Unis et en 1978 en France. Elle permet à R. Stoller d’envisager d’autres lectures du phénomène transsexuel et de contribuer à l’évolution du débat psychiatrique sur l’homosexualité. Elle lui permet de discuter de la notion d’identité sexuelle et d’interroger l’expression de « force biologique ». Un de ses défis est de s’écarter du primat du biologique sans y renoncer. L’article aborde enfin la question de la réception de Robert Stoller en France. Comment son travail peut-il, aujourd’hui, être reçu et interprété trente ans après sa traduction en français ? Comment resituer et restituer un psychiatre et psychanalyste sans nécessairement être animé par la volonté de réhabiliter ou de condamner son travail ? C’est une difficulté de l’écriture de l’histoire de la psychanalyse et l’article pointe le risque du présentisme étant donné que les thèmes de l’homosexualité ou du transsexualisme ont connu au cours de ces décennies de profondes évolutions. Celles-ci sont notamment liées à une prise de parole inédite des personnes gay et transgenres. C’est aussi lié au déclin du discours médico-psychologique conçu dans les années 1960 quand Robert Stoller construisait ses propres arguments.