2018
Cairn
Tarik Ghodbani et al., « Entre perte de savoirs locaux et changement social : les défis et les enjeux de la réhabilitation des foggaras dans le Touat, Sahara algérien », Autrepart, ID : 10670/1.g5vz4n
Dans le Sahara du Maghreb, la mobilisation des eaux souterraines et leurs usages dans la valorisation agricole des oasis sont basés sur un ensemble de savoirs locaux construits autour des systèmes technologiques ancestraux ingénieux et de gestion coutumiers socialement stratifiés. Cependant, depuis plusieurs décennies, l’introduction de technologies modernes dans l’exploitation des eaux souterraines a fortement contribué à la perte de ces savoirs locaux et à la transformation des écosystèmes oasiens dans leur ensemble. La multiplication des forages, le surpompage pratiqué depuis une vingtaine d’années et les changements dans la structure sociale oasienne ont conduit à la dégradation des foggaras, des ressources naturelles, ainsi qu’à des conflits sociaux. Ainsi en Algérie, depuis les années quatre-vingt, nous observons, en particulier dans la région du Touat, ces transformations profondes conduites par l’État. Celles-ci ont favorisé à la fois un développement agricole remarquable et l’abandon de ces foggaras. Or, depuis les années deux mille, l’État a lancé des projets de réhabilitation des foggaras à la demande des populations locales souhaitant maintenir leurs anciens systèmes hydrauliques pour l’irrigation de leurs terres agricoles. La question que nous posons ici est d’interroger la capacité de l’État à préserver les savoirs locaux liés aux foggaras, par ces processus de réhabilitation dans un contexte de changements techniques et de rapports de force entre les acteurs qui s’opèrent dans des sociétés oasiennes fortement stratifiées.