2012
Cairn
Hélène Caylus, « Le choix d’une démilitarisation brutale : le cas de l’armée irakienne », Les Champs de Mars, ID : 10670/1.g5ysbr
Le choix par les forces de la coalition internationale de démanteler l’institution militaire irakienne en 2003, à la faveur du renversement du régime de Saddam Hussein, constitue un tournant majeur de l’histoire de l’État irakien, à laquelle l’armée avait apporté une contribution essentielle. Cette décision, favorisée par la volonté d’éradiquer les premiers niveaux d’appartenance au parti Baath du pouvoir déchu mais sans tenir compte des vicissitudes politiques et communautaires qui avaient marqué l’histoire politique du régime, ont fragilisé en profondeur toutes les tentatives de reconstruction de l’État et fortement hypothéqué sa légitimité. Le lent processus de restauration de la souveraineté de l’État, à mesure que se décidait le désengagement des forces armées étrangères, a renforcé l’option de réhabilitation de cette institution comme instrument de défense et gage d’indépendance. Marginalisée dans son rapport au pouvoir, reconstruite pour bonne part ex nihilo, la nouvelle armée irakienne se distingue des autres structures sécuritaires, davantage marquées par les clivages communautaires et partisans, sans toutefois être complètement épargnée par la politisation de ses rangs. La restauration de son identité autour de missions de défense conventionnelles pourrait constituer l’une des réponses au déficit de légitimité qui caractérise plus que jamais l’actuel pouvoir irakien.