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Maud Pérez-Simon, « Abolir les frontières, toutes. Les Monstres des hommes (BnF fr. 15106) », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.g6exas
L’unique manuscrit du Monstres des hommes est conservé à la Bibliothèque nationale de France (BnF fr. 15106 ). L’auteur anonyme, qui rédige en picard, écrit à la toute fin du XIIIe siècle. Son ouvrage se présente comme la traduction du chapitre sur les monstres du De Natura Rerum de Thomas de Cantimpré qui reprend le catalogue des monstres de l’Orient hérité de la tradition antique comme l’Histoire naturelle de Pline, et transmis notamment par Jacques de Vitry . Pourtant le lecteur est bien obligé de reconnaître rapidement que le propos est significativement amplifié et extrapolé, chaque monstre étant le tremplin et le support métaphorique d’une moralisation politique et sociale virulente qui aboutit à la condamnation des puissants. Le style de l’auteur et les analogies qu’il met en place témoignent d’un art consommé de l’argumentation.Nous verrons que ce manuscrit pose des frontières nettes, qu’elles soient géographiques, sociales, génétiques ou linguistiques, pour mieux les transgresser, cette transgression se mettant au service de la dénonciation politique et morale.