Quand « recevoir » c'est prendre, et « rendre » déprendre. Émancipation des belles-filles par le « nouage du turban », à Boukhara (Ouzbékistan)

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2012

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Anne Ducloux, « Quand « recevoir » c'est prendre, et « rendre » déprendre. Émancipation des belles-filles par le « nouage du turban », à Boukhara (Ouzbékistan) », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.gewa7h


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Choisie par la mère de son futur mari, la jeune mariée est « reçue » rituellement par celle-ci, le dernier soir des cérémonies du mariage, au domicile du jeune époux dont elle vient de faire la connaissance. Cette « réception » sera rendue définitive par le contrôle de virginité, réalisé dans les trois jours suivant la nuit de noce. A ce moment, la belle-mère prendra pleinement possession du corps de la jeune femme, de sa force de travail puis des enfants qui naîtront de cette union, « recevant » en effet rituellement chacun de ses petits-enfants dès leur sortie de la maternité. Ce rituel de séparation d’avec leur mère, confirmé lors de « l’attache au berceau » quelques jours plus tard, puis par « la prise des cheveux de la tête » le jour du premier anniversaire de l’enfant, marquera métaphoriquement l’emprise de la belle-mère sur sa belle-fille puisque ses enfants seront alors placés sous l’autorité complète de leur grand-mère paternelle. Ce n’est que quinze ans plus tard que la belle-mère « rendra » à la jeune femme tous les « présents » faits au patrilignage de son fils, marquant du même coup sa « déprise ». La jeune femme jouira dès lors d’une certaine émancipation par rapport à sa belle-mère qui lui offrira des bijoux en or, un turban et une tenue traditionnelle digne des mille et une nuits. Ce « nouage du turban » permettra à la belle-fille de s’arroger une certaine autorité – jusque-là confisquée – sur ses propres enfants, de choisir les épouses de ses fils et donc de devenir belle-mère à son tour.

When Receiving is Binding, and Returning Empowering. The Emancipation of Daughter-in-laws through the Turban Knotting Ritual in Bukhara (Uzbekistan) The bride, chosen by the mother of her husband-to-be, is ritually ‘received’ by her on the last evening of the wedding ceremonies, in the home of the new groom. This ‘reception’ is made definitive by the control of the bride’s virginity, three days after the wedding night. At this time, the mother-in-law takes full possession of the young woman’s body as she can put her to work and take equal possession of the children who will result from this union. The custom is that the mother-in-law ritually ‘receives’ her grandchildren as soon as their maternity leave. This ritual of separation from the mother is confirmed when the children are ‘put in the cradle’ a few days later, and then again by the collection of a lock of hair on their first birthday. The ritual seals the authority of the mother-in-law over her daughter-in-law, as the children are then placed under the complete authority of their grandmother. Fifteen years later, however, the mother-in-law ‘returns’ all that which the bride has ‘given’ to her husband’s lineage. This new ritual frees the bride from the authority of her mother-in-law who now offers her gold jewellery, a turban and a sumptuous traditional silk gown. The knotting of the turban enacts the ceding of authority to the now mature woman over her own children, as she can henceforth choose her sons’ spouses and become, in turn, a mother-in-law.

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