Peut-on modéliser la persécution ? : Apports et limites des approches quantifiées sur le terrain de la Shoah

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2020

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Pierre Mercklé et al., « Peut-on modéliser la persécution ? : Apports et limites des approches quantifiées sur le terrain de la Shoah », Annales. Histoire, Sciences Sociales, ID : 10670/1.gglyek


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sL’objectif de cet article est de proposer un examen détaillé des apports et des limites de la modélisation en histoire à partir du cas de la Shoah. Il s’appuie sur une enquête qui a permis de reconstituer les « trajectoires de persécution » des 992 Juifs de Lens pendant la Seconde Guerre mondiale, dont 527 seulement ont survécu. 491 ont été arrêtés, 468 ont été déportés et 449 ont été exterminés. Les données prosopographiques sont utilisées ici pour répondre à une question simple : est-il possible de modéliser la persécution ? En d’autres termes, est-il possible de construire une représentation simplifiée mais heuristique des processus causaux complexes qui ont déterminé les chances de survie face à la persécution nazie à partir de données standardisées sur un nombre relativement important d’individus ? L’article discute les apports et les limites d’une succession de méthodes quantifiées : celles qui s’inscrivent dans ce qu’Andrew Abbott appelle le « programme standard » des sciences sociales, ainsi que l’analyse des réseaux et l’analyse séquentielle. Pour chacune d’entre elles, sont plus particulièrement discutées les manières de rendre compte des interactions entre les individus, de l’historicité des comportements et des processus déterminant ces chances de survie. Les tentatives de modélisation à partir de données historiennes apportent ainsi de véritables renouvellements de connaissances, notamment lorsqu’elles sont menées de manière cumulative sur une même enquête. En passant d’une logique de propriétés individuelles à une logique de trajectoires interconnectées, ces approches permettent de mieux comprendre les interactions sociales et locales, et offrent ainsi des perspectives stimulantes pour la microhistoire de l’Holocauste.

sThis article offers a detailed examination of the contributions and limitations of historical modeling based on the case of the Shoah. It is founded on an investigation that reconstructed the “persecution trajectories” of the 992 Jews of Lens during the Second World War, only 527 of whom survived the conflict. 491 were arrested, 468 were deported, and 449 were exterminated. Prosopographic data are used here to answer a simple question: Is it possible to model persecution? In other words, is it possible to construct a simplified but heuristic representation of the complex causal processes that determined chances of surviving Nazi persecution using standardized data on a relatively large number of individuals? To answer this question, the paper discusses the contributions and limitations of a series of quantified methods: those that form what Andrew Abbott calls the “standard curriculum” of the social sciences, but also network analysis and sequential analysis. For each of these methods, we focus on how they report both the interactions between individuals and the historicity of the behaviors and processes that determine their chances of survival. Attempts to model using historical data thus bring about a real renewal of knowledge, especially when they are carried out cumulatively on the same survey. By moving from a logic of individual properties to a logic of interconnected trajectories, these approaches provide a better understanding of social and local interactions. As a result, they offer stimulating perspectives for the microhistory of the Holocaust.

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