2012
Cairn
David Wingeate Pike, « L'Église et la guerre d'Espagne. Apports nouveaux », Guerres mondiales et conflits contemporains, ID : 10670/1.gjxo17
La passion religieuse, pour et contre l’Église, caractérise de façon sublime la guerre d’Espagne. On ne présente pas ici un tableau des atrocités commises. Il s’agit plutôt de montrer comment la presse française, et plus particulièrement la presse de Toulouse, poste d’observation par excellence des événements en Espagne, appuyait les deux camps en opposition. À part les prêtres basques, rares sont les membres du clergé espagnol qui refusaient de soutenir les militaires, soit en trésors, soit en incitant leurs troupes (qui comprenaient les musulmans) à exterminer l’ennemi. « Nous nous trouvons dans une véritable croisade », annonce le primat d’Espagne. La cause de la République, ajoute-t-il, c’est la « guerre contre Dieu ». Ce qui mène la presse socialiste à crier, « le pape fasciste a les mains pleines de sang ». Certes Pie XII n’hésitait pas à exprimer à la fin de la lutte sa « joie immense » pour la victoire de Franco en lui décernant l’Ordre suprême du Christ. Mais la conscience chrétienne n’avait pas perdu sa voix. Il restait certains chrétiens, Dom Luigi Sturzo en premier lieu, et surtout des laïcs, Bernanos, Vandervelde, Maritain, Mauriac, pour sauver l’honneur de l’Église. À la fin, on arrive au moment du remords : en 1971, les évêques d’Espagne reconnurent publiquement combien l’Église était restée en arrière de son devoir chrétien.