2020
Cairn
Claire Donnat-Aracil, « Écrire le sacré dans les Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coinci. Enjeux spirituels d’une langue et d’un style », Le Moyen Age, ID : 10670/1.gn3cr3
L’article interroge la place du sacré dans l’écriture de Gautier de Coinci. En analysant l’articulation qu’établissent les Miracles de Nostre Dame entre la question du choix de la langue (latin ou français) et celle du style (style simple ou orné), il s’agit de montrer que l’auteur reconfigure les rapports d’opposition entre deux langues : la distinction entre latin et vernaculaire ne relève plus d’une concurrence entre langue sacrée et langue profane, mais entre deux types de rapport au divin qui recoupent la partition isidorienne entre sacrum et religiosum. Alors que l’usage du latin exprime le surgissement d’un Dieu qui ne se dévoile que pour révéler son caractère inaccessible, le français exprime l’avènement d’un sacré qui vient habiter le cœur du lecteur. Le latin apparaît dès lors comme une langue religieuse au sens isidorien du terme : la langue de la tradition et de la reproduction de rites qui n’engagent pas l’intériorité de celui qui les pratique. Le français devient quant à lui la seule langue véritablement sacrée, celle de la rencontre intime avec Dieu.