Épidémies et Covid-19 dans les prisons africaines : l’occasion d’une approche de la santé vraiment globale

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2021

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Frédéric Le Marcis, « Épidémies et Covid-19 dans les prisons africaines : l’occasion d’une approche de la santé vraiment globale », Santé Publique, ID : 10670/1.gqnyxl


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L’épidémie de Covid-19 est l’occasion de rappeler en quoi la santé en prison sur le continent africain reste un parent pauvre du système carcéral. Au-delà des difficultés de prise en charge posées par la Covid-19 en détention, les infirmeries des établissements pénitentiaires, quand elles existent, sont rarement intégrées dans les faits au système sanitaire. Les administrations pourvoient peu aux besoins vitaux des détenus. Les carences alimentaires sont fréquentes, les maladies de peau récurrentes et les détenus dépendent le plus souvent des moyens financiers de leurs familles ou d’ONG lorsqu’il s’agit d’accéder aux soins. L’illégitimité sociale de la population des détenus et la réticence des États à proposer aux condamnés ce qu’ils ne garantissent pas à la population générale sont deux arguments mis en avant pour justifier ce qui s’apparente à une nécropolitique. Parallèlement, les acteurs internationaux intervenants en prison ciblent essentiellement les pathologies à potentiel épidémique, contraints par des sources de financement (UNAIDS, Fonds Mondial) soutenant des stratégies de santé à l’échelle populationnelle. On voudrait ici revenir sur ces deux logiques et développer un argument pour une approche décloisonnée de la santé en prison. Au-delà de la reconnaissance de l’expérience sanitaire individuelle et du souci épidémiologique, traiter globalement de la santé en prison participe du rétablissement de la dignité et des droits du détenu par l’État, condition nécessaire à l’entretien de la citoyenneté par-delà l’enfermement.

The Covid-19 epidemic is an opportunity to underline how prison health on the African continent remains a weak link of the prison system. Beyond the difficulties in caring for Covid-19 in detention, prison infirmaries, where they exist, are rarely integrated into the health system in practice. Administrations provide little for the vital needs of prisoners. Dietary deficiencies are frequent, skin diseases recurrent and prisoners are most often dependent on the financial means of their families or NGOs when it comes to access to health care. The social illegitimacy of the prison population and the reluctance of States to offer convicted prisoners what they do not guarantee to the general population are two arguments put forward to justify what amounts to necropolitics. At the same time, international actors working in prisons essentially target pathologies with epidemic potential, constrained by funding sources (UNAIDS, Global Fund) supporting population-wide health strategies. Here we would like to return to these two logics and develop an argument for a decompartmentalized approach to prison health. Beyond the recognition of individual health experience and epidemiological concerns, addressing prison health globally contributes to the restoration of prisoners’ dignity and rights by the State, a necessary condition for the maintenance of citizenship beyond confinement.

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