2021
Cairn
Frédéric Charlin, « Droit naturel et culture catholique dans la conscience du juge face à l’esclavage colonial », Histoire de la justice, ID : 10670/1.gr249d
L’histoire du droit et de la justice en France est porteuse d’une tradition de liberté associée à l’humanisme chrétien, qui a intégré et forgé la conscience des juristes modernes amenant à rejeter la réduction en esclavage d’un chrétien sur le sol du royaume. La coutume subit déjà une atteinte à travers la légalisation symbolique de l’esclavage colonial par l’édit de mars 1685 appelé Code Noir. La liberté de droit naturel est autant culturelle que juridique, car indissociable d’un catholicisme pensé comme libérateur. Cette culture juridique et politique traditionnelle, qui n’est plus en phase avec les institutions succédant à la Révolution et à l’Empire, imprègne encore vivement la conscience profonde des hauts magistrats au xixe siècle. Sous la monarchie de Juillet, la Cour de cassation tend à améliorer la condition juridique des esclaves et des affranchis. Cette période complexe se prête à une réflexion historique sur le rôle de la « mémoire », entendue au sens large, de la conscience des magistrats, forgée dans une culture romaine et chrétienne.