2016
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Denis Knoepfler, « « Pour que demeurent la philia et la symmachia entre Athènes et les Eubéens » (IG II2 149 = IG II3 1, 2, 398, une inscription attique à reconsidérer) », Dialogues d'histoire ancienne, ID : 10.3917/dha.hs16.0125
La première partie (I) de cet article fait l’inventaire critique des documents se rapportant aux alliances conclues par les Athéniens avec les cités de l’Eubée durant la première moitié du IVe siècle av. J.-C., en s’arrêtant en particulier sur l’inscription attique qui, selon la restitution naguère présentée par l’auteur lui-même, doit avoir été, en 394, une « paix de cent ans » entre Athènes et Érétrie (IG II2 16). On revient ensuite (II) sur le décret proposé par Hésésippe, partisan de Démosthène, à la suite d’une attaque athénienne contre le territoire des Érétriens en 348 (IG II2 125, maintenant II3 1, 2, 399), afin de montrer que le document lui-même ne peut guère être antérieur aux règlements de compte de l’année 343, en dépit de la tentative intéressante faite par M. Dreher (1995) – que suit St. Lambert, éditeur du nouveau corpus attique (2012) – pour le mettre en 348 déjà. Enfin (III), l’auteur reprend l’étude du décret de proxénie IG II2 149, constamment allégué en faveur de l’existence d’un koinon eubéen censé avoir conclu – à un moment indéterminé des années 350 ou 340 – un traité « d’amitié et d’alliance avec le Peuple des Athéniens » . Là encore dans le sillage de l’exégèse récemment proposée par Dreher, l’éditeur du récent fascicule (IG II3 1, 2, 398) voudrait attribuer cette inscription à la même année 348 que le décret d’ Hégésippe. Mais, à l’examen, cette datation doit, elle aussi, être rejetée, car de solides indices épigraphiques mettent hors de doute que le document est, en réalité, antérieur de peu au milieu du IVe siècle. De fait, c’est au lendemain du Bellum Euboïcum de 358/ 7 que les Athéniens ont dû vouloir honorer Hérakléodôros (d’Histiaia) – à identifier très probablement au réformateur homonyme de la constitution hisitéenne connu par la Politique d’Aristote – et deux de ses compatriotes. Or, à cette date, il est exclu qu’ait existé un État fédéral eubéen avec lequel Athènes aurait pu signer un traité parallèle à ceux qu’elle a effectivement conclus avec chacune des quatre cités de l’île. Les Euboeis mentionnés dans la clause hortative du décret ne sauraient donc avoir constitué autre chose que le cadre ethnico-géographique où se déployaient alors les efforts de la diplomatie athénienne pour s’attacher durablement l'ensemble des peuples de l’ Eubée.