Approche géographique du paysage des hydrosystèmes secondaires ligériens – Démarche croisée, du terrain à l’analyse spatiale

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2018

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Guillaume Paysant et al., « Approche géographique du paysage des hydrosystèmes secondaires ligériens – Démarche croisée, du terrain à l’analyse spatiale », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.guuji9


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Les fleuves comme les petites rivières sont confrontés à de nouveaux enjeux. La Directive Cadre sur l’Eau (DCE, 2000), européenne, et la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA, 2006), nationale, insistent sur la nécessité de préservation et de restauration de l’état des eaux superficielles (comprenant les aspects biologiques, hydromorphologiques et physico-chimiques). Les préoccupations, d’abord hydrauliques, puis piscicoles et écologiques avec cette nouvelle réglementation, ont engendré une période de suppressions d’ouvrages et d’actions de restauration, appliquées de manières diverses sur le territoire national (Morandi et Piegay, 2011)⁠. Alors que l’intérêt environnemental et écologique est en général avancé, ces actions rencontrent régulièrement une opposition farouche sur le terrain (Germaine et Barraud, 2013)⁠ pouvant engendrer des tensions importantes. Ces conflits concernent notamment les changements paysagers induits qui génèrent des réactions diverses chez les individus en fonction de la représentation qu’ils ont de la rivière et du fond de vallée en général. Cette politique de gestion des rivières se trouve au centre de controverses entre les adeptes de l’effacement (quasi-) systématique des ouvrages (position « institutionnelle ») et ceux qui défendent une vision patrimoniale de ces éléments, témoins d’une relation homme-rivière pluriséculaire. Face à ce constat, il semble important d’aborder cette problématique de manière systémique, en incluant à la fois les aspects environnementaux et sociétaux (Palmer et Bernhardt, 2006)⁠.Depuis une dizaine d’années, des recherches sont menées sur les cours d’eau du Grand Ouest, que ce soit par l’entrée paysagère (Barraud, 2007 ; Germaine, 2009), géoarchéologique (Lespez, 2012 ; programme AGES 2012-2016, Resp.Castanet)⁠, ou encore par les représentations (programme REPPAVAL 2012-2015, Resp. Barraud ; Rivière-Honneger, Cottet-Tronchère et Morandi, 2015)⁠. C’est dans la continuité de ces travaux que cette recherche est menée. Pour cela, elle s’appuie sur une analyse du paysage, concept incluant par définition deux volets : matériel et représentations (COE, 2000).Ce projet s'intègre dans une thèse dont l’originalité repose sur l'étude des petites rivières « ordinaires » telles que présentes dans le grand Ouest (dans son acceptation large : Normandie, Bretagne, Pays de la Loire) et en Loire Moyenne. Ces cours d'eau, de faible énergie, n'ont en général pas fait l’objet d’une étude ancienne. Leur analyse se fait donc dans un contexte où les ressources historiques sont relativement limitées ou peu adaptées car produites à des échelles trop petites. Pourtant, ces espaces concernent une part importante du territoire et concentrent des enjeux divers : la qualité et la quantité d’eau, la production d’énergie, les continuités écologiques et la biodiversité, les activités récréatives, le cadre de vie etc. Les organismes en charge de leur gestion (Syndicat de rivière, DDT, Agence française pour la Biodiversité, Agence de l'eau...) ont besoin de distanciations historiques afin d’envisager des aménagements éventuels et la gestion future.Un des objectifs de ce travail est donc d'analyser l’apport à la gestion d’une analyse géohistorique des trajectoires des petites rivières et de proposer des méthodes qui seront pour la plupart mobilisables par les gestionnaires. Outre le peu d'archives disponibles, les autres contraintes sont liées au statut juridique de ces rivières (non-domaniales et relevant donc du privé) ne permettant pas toujours un accès à la rivière, ainsi qu'à la taille de ces objets (faible largeur de lit mineur, difficilement observable par images satellites ou photographies aériennes, par exemple), le cours étant souvent masqué par la végétation rivulaire. Pour analyser de manière systémique les trajectoires de ces hydrosystèmes, la recherche mobilise diverses méthodes qualitatives comme quantitatives, et ce à trois niveaux d'échelle : le système fluvial, l'hydrosystème et le secteur. L'approche géohistorique comprend un travail d’archive, de terrain, des enquêtes et entretiens, des analyses spatiales, l'étude de rapports liés à la gestion de ces rivières.Deux terrains ont été choisis pour faire l'objet d'une analyse comparative. Nous avons veillé à ce que ces objets soient de taille similaire, mais qu’ils présentent des contextes géomorphologiques distincts. L'Aubance, affluent de rive gauche de la Loire, prend sa source dans les plateaux sédimentaires du Saumurois et se jette dans le Louet, un bras de la Loire, dans le Massif armoricain. Son bassin versant est caractérisé par des grandes cultures en amont, et de la viticulture associée à de l'élevage et des cultures en aval. Cette position au carrefour de deux grandes formations géologiques, la Massif armoricain et le Bassin parisien, lui confère une topographie et des usages spécifiques. Les plateaux de l'amont laissent leur place à une vallée sinueuse et particulièrement encaissée, où la vigne occupe les coteaux, pour enfin rejoindre une large plaine alluviale. L'activité viticole est l'objet d'une attention particulière pour ce qui concerne la qualité de l'eau, cause d'un climat conflictuel entre gestionnaires et producteurs.A l'Est d'Angers se trouve le deuxième terrain, le Couasnon qui prend sa source dans les plateaux sédimentaires du baugeois pour rejoindre la vallée de l'Authion, affluent de rive droite de la Loire. Ce bassin versant est caractérisé par une agriculture céréalière associée à d'importants massifs boisés  en amont et des cultures spécialisées en aval. Des peupleraies sont présentes dans l’ensemble du fond de vallée. Ces deux rivières recalibrées dans les années 1960-70, font toutes deux l'objet de projets de « renaturation » par l'arasement des ouvrages (la majorité de ceux du Couasnon ont déjà été effacés) et de reméandrage.A l’échelle du système fluvial, la photo-interprétation et les sources cartographiques et statistiques alimentent une approche qualitative pour analyser les trajectoires de ces deux bassins versants, modélisées notamment par des blocs-diagrammes.A l'échelle de l'hydrosystème, plusieurs éléments sont particulièrement analysés. Tout d'abord, les plans de rectification, élaborés dans la seconde moitié du XXe siècle, permettent de retracer le cours ancien sur la base de photographies aériennes anciennes de l'IGN. Les photographies aériennes actuelles et le terrain permettent d'élaborer une donnée "cours d'eau" à une résolution assez fine. A partir de ces deux tracés, différents indicateurs sont traités pour analyser les changements (longueur de cours et sinuosité notamment). Un travail d'archives et de photo-interprétation permet également d'intégrer l'évolution des plans d'eau et des moulins. Enfin, l'occupation du sol de 1950 et de 2016 a été caractérisée à l'échelle du fond de vallée des deux sites afin d'extraire des indicateurs paysagers qui, croisés avec les indicateurs liés aux éléments cités précédemment, permettront de dégager une typologie des trajectoires paysagères à cette échelle. Cette analyse aidera également à sélectionner les secteurs qui feront l'objet d'une analyse plus fine.A l'échelle des secteurs enfin, ces différents indicateurs sont croisés à un travail d'enquête et d'entretiens afin de saisir les trajectoires d'évolution à l'échelle locale et d'identifier leurs relations avec les pratiques des fonds de vallée.Cette recherche a pour ambition d'alimenter la réflexion sur les projets d'aménagement des deux bassins versants étudiés, et plus largement des petits bassins versants de l'Ouest français et du bassin de la Loire moyenne. Elle tentera de proposer des scénarios d’évolution aux acteurs de la gestion de l’eau, via cette analyse géographique, intégrant à la fois les aspects morphologiques et sociétaux.La présentation balayera les différents aspects de cette recherche, dans l’identification du contexte des sites d’étude choisis, des méthodes développées pour caractériser les trajectoires paysagères d’un côté et de l’autre du poids des représentations dans ces dynamiques. Elle tâchera de démontrer l’intérêt de coupler les méthodes qualitatives (notamment naturalistes), complémentaires des approches quantitatives (par l’analyse spatiale). 

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