2021
Cairn
Julie Saada, « Récits et contre-récits dans le droit. Usages et critiques du narrativisme juridique dans la Critical Race Theory », Droit et société, ID : 10670/1.gw9179
Mobilisé par la Critical Race Theory comme par certaines études féministes, le legal storytelling constitue une forme d’écriture spécifique du droit, une critique sociale et une épistémologie. Parce qu’il décrit des expériences subjectives vécues par un narrateur incarné, ce type de récit introduit dans les études juridiques des récits d’expériences singulières visant à montrer la manière dont le droit construit et reproduit les hiérarchies de genre et de race en décrivant les effets de ce droit sur des individus singuliers. Le procédé vise à déstabiliser l’apparence de rationalité du droit, à dénoncer la façon dont l’abstraction du langage juridique est associée à la reproduction de dominations et à offrir une critique située proche du standpoint. S’appuyant sur plusieurs récits (Susan Estrich, Martha Mahoney, Patricia Williams et Abrams Kathryn), l’article dégage les enjeux juridiques et épistémologiques du legal storytelling dans la Critical Race Theory.