2014
Cairn
Michel Grollier, « Le corps de l'autiste », Bulletin de psychologie, ID : 10670/1.hdijxk
Avoir un corps, pour un sujet humain, nécessite la dimension du « symbolique ». Si la chair, dans ce que la science repère comme anatomie, physiologie ou biologie, pèse sur le sujet, l’aliénation au signifiant, instituant la possibilité d’un ordre symbolique, est ce qui permet de présenter, présentifier, l’être dans le (un) monde. Dans l’autisme, il y a arrêt devant l’aliénation symbolique, un arrêt qui discrédite les objets du lien, lien à l’Autre, que sont, notamment, voix et regard. Mais, comme pour tout petit d’homme, l’autiste va chercher une voie pour apaiser cet univers et l’humaniser par une action symbolisante, un battement, puis une articulation, qui prendra appui sur des objets divers. Des objets élus à cette place si spéciale qui articule l’être à sa présence dans le monde. Cette stratégie du signe ne s’oppose pas au passage par le signifiant, un signifiant toujours étranger, articulé, rabouté à l’être par un objet qui va, lui, faire lien dans une aliénation singulière. Nous vérifierons ainsi que l’autiste peut se faire une sorte de corps, voire user de la parole, pour construire un lien, mais dans un rapport à une langue qui sera toujours une langue étrangère.