11 juin 2019
Anne Simon, « La vermine dans les plis de nos villes : zoopoétique des interstices urbains », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.hgtnj9
Grouillants, rampants, répugnants, envahissants, insaisissables, résistants ou contaminants, les blattes, les rats et autre vermine qui peuplent les interstices de nos villes ont alimenté nombre de dystopies littéraires. Certains écrivains et écrivaines ont su pourtant percevoir dans les habitats de ces monstres merveilleux, limitrophes des nôtres voire intégrés à eux, tout comme dans leur énergie et leur profusion les modèles d’un art fondé sur l’intensité de la vie, l’étrangeté de la beauté, le passage des mondes. Ni sauvages ni familiers, mais constituant selon L’Insecte de Jules Michelet la matière première de nos cités et de nos palais, les minuscules, parce qu’ils échappent aux catégories occidentales majoritaires et mènent vers d’autres perspectives sur le monde, conduisent les écrivains à écrire la ville autrement : pourvus d’antennes et d’yeux à facettes.